Le Premier ministre yéménite, Khaled Bahah, accompagné de sept ministres, est rentré, hier, au Yémen, plongé dans un profond conflit, pour reprendre les activités gouvernementales depuis Aden, au moment où la coalition arabe opérant dans le pays sous commandement saoudien intensifiait ses raids contre les rebelles. «Khaled Bahah va reprendre les activités gouvernementales depuis Aden», a déclaré Rajeh Badi, porte-parole de la présidence yéménite à Ryadh, annonçant «la tenue d'un conseil des ministres dans les deux prochains jours». M. Badi a assuré que la priorité actuelle du gouvernement yéménite est d'«œuvrer pour la reconstruction du pays et porter secours aux populations sinistrées». Le gouvernement yéménite a fait le choix de reprendre ses activités depuis Aden, proclamée en mars dernier capitale provisoire du pays, les forces progouvernementales aidées par les raids de la coalition arabe, opérant sous le commandement saoudien, peinant à reconquérir la capitale Sanaa, toujours contrôlée par les rebelles Houthis et leurs alliés - des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh-. Toutefois, M. Bahah s'est contenté de retourner à Aden accompagné que par sept ministres, au lendemain d'un remaniement gouvernemental décidé par le président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, en exil en Arabie saoudite, ayant procédé lundi à un remaniement ministériel. Un mouvement qui a touché les ministères du Pétrole, de la Santé ainsi que celui de la jeunesse et des sports. Sur le plan diplomatique, le président Hadi s'est entretenu mardi soir dans la capitale saoudienne avec le médiateur de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, qui a repris ses consultations pour relancer les pourparlers de paix. Selon l'agence officielle Saba, le chef d'Etat yéménite a réitéré ses conditions pour la tenue de tels pourparlers, exigeant au préalable «la mise en œuvre par les rebelles de la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU qui les somme de se retirer des territoires conquis depuis 2014 et de remettre les armes qu'ils ont saisies». Deux conditions qui semblent difficilement acceptable pour les rebelles, a-t-on indiqué. Pour M. Hadi, qui a également reçu séparément hier les ambassadeurs des Etats-Unis, de France et de Russie, il revient à la communauté internationale d'«exercer des pressions» sur les rebelles pour qu'ils acceptent la résolution 2216 et «commencent à la mettre en œuvre sans aucune condition». Les derniers pourparlers de paix en juin à Genève s'étaient soldés par un échec. Depuis lors, la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite, qui soutient le président Hadi, a intensifié sa campagne militaire contre les Houthis, aggravant une situation humanitaire qualifiée de «catastrophique». Sur le terrain, de nouveaux raids aériens ont été menés dans la journée d'hier par la coalition arabe opérant au Yémen, sous le commandement de l'Arabie saoudite, sur la capitale Sanaa après deux jours d'accalmie. La base aérienne d'Al-Dailami jouxtant l'aéroport international de Sanaa et le QG du chef d'état-major dans le centre-ville ont été visés dans la matinée par des avions de combat, d'après des témoins, cités par des médias. En outre, dans la nuit, des frappes ont visé le commandement des forces spéciales et des positions tenues par les rebelles Houthis dans le sud et le nord de Sanaa, marquant une reprise des raids sur la capitale après une pause de deux jours. Ces frappes sont intervenues au moment où des forces progouvernementales yéménites et des troupes de la coalition arabe poursuivaient leurs opérations au sol dans la province voisine de Marib en bombardant les positions rebelles dans leur tentative de progresser vers Sanaa, selon des sources militaires. Par ailleurs, au moins 20 rebelles ont été tués et des dizaines blessés dans des combats avec les forces yéménites à Mekyras, localité de la province de Baida (centre), a fait savoir une source militaire. L'Arabie saoudite a pris la tête en mars d'une coalition arabe pour empêcher les rebelles de prendre le contrôle de tout le Yémen, son voisin du sud. Les Emirats arabes unis sont également très impliqués dans les opérations. La guerre au Yémen a fait près de 5 000 morts et quelque 25 000 blessés depuis le début de l'intervention de la coalition arabe, selon l'ONU. Environ 1,3 million de Yéménites ont été déplacés et 21 millions ont besoin d'aide ou de protection. APS