La réunion de négociation entre les éleveurs et les laiteries sur les coûts de production du lait cru a été sanctionnée par des propositions "concrètes" sur le développement de la production nationale en optimisant le dispositif de soutien de l'Etat et la mise à niveau des systèmes d'élevage, indique un responsable au ministère de l'Agriculture. "Des propositions concrètes de terrain ont été formulées par les professionnels de la filière dont l'optimisation du système de soutien pour qu'il devienne efficace et l'amélioration de la performance des élevages et réduire les coûts de production", a déclaré à l'APS, Chérif Omari, représentant du ministère de l'Agriculture, du développement rural et de la pêche dans les négociations entre éleveurs et laiteries, à l'issue de cette rencontre qui s'est achevée mardi soir. C'est la deuxième réunion de négociations après celle du 20 septembre portant, entre autres, sur la révision du prix de référence du lait cru cédé par les éleveurs aux laiteries et qui va actuellement de 30 à 34 DA. Les éleveurs qui ont pâti des effets de la sècheresse ces deux dernières années estiment le coût de revient du litre de lait cru à 75 DA que les transformateurs jugent trop élevé par rapport à la moyenne nationale. Les discussions ont abouti ainsi à la nécessité d'appliquer le même prix par les transformateurs, à savoir 35 DA/litre de lait cru. "Toutes les laiteries doivent se mettre à niveau sur un prix plancher de 35 DA", selon M. Omari. Ce dernier souligne, toutefois, que la question d'augmenter le prix de référence "répond à une conjoncture mais elle ne résout pas le problème de fond, l'amélioration de l'efficacité des élevages". Il suggèrent aux éleveurs de profiter des crédits d'investissement mis en place par l'Etat à des taux bonifiés pour investir dans l'alimentation, la mise à niveau des élevages et dans la santé de leurs cheptels afin d'améliorer la productivité. "Le ministère veut aller avec l'interprofession vers des solutions durables pour assurer l'intégration de la production nationale. Ce prix n'est qu'un élément d'une stratégie globale de développement de la filière lait", insiste-t-il. Concernant le dispositif de soutien à la filière, les discussions ont abouti à des propositions d'améliorer son efficacité de manière à le rendre profitable aux éleveurs. Ce dispositif porte actuellement sur une prime de 12 DA/litre pour l'éleveur, 5 DA/litre pour le collecteur et 4 DA/litre pour le transformateur (laiterie) qui intègre le lait cru dans la fabrication du lait pasteurisé vendu en sachet au prix administré de 25 DA/litre. Le groupe de travail propose à cet effet de "reconsidérer" la façon d'octroi de ces primes en suggérant, par exemple, aux éleveurs de s'organiser en groupements ou et en coopérative pour bénéficier de la prime de collecte (5 DA). "Ces propositions seront soumises au ministre en charge du secteur pour les étudier et essayer d'apporter des éléments de réponse et soumettre au gouvernement les mesures nécessitant de débloquer des financements supplémentaires, en tenant compte de la situation financière du pays", a fait savoir M. Omari. Suite à la situation critique que traversent les éleveurs en raison de la sècheresse, le ministère a engagé depuis fin juillet dernier des discussions avec les professionnels afin de trouver des solutions aux problèmes urgents et définir ensemble une stratégie de consolidation de la filière, d'intégration de la production nationale de lait cru et de réduction des importations de la poudre de lait. Dans le cadre de cette concertation, le ministre en charge du secteur, Sid Ahmed Ferroukhi, a pris des mesures à court terme. Il s'agit notamment de permettre aux éleveurs de s'approvisionner directement des minoteries en son, et ce, afin de réduire la tension sur les prix de l'alimentation. "Cette mesure est en application à travers toutes les wilayas, reste que les éleveurs doivent s'organiser en collectifs pour faciliter l'acquisition de cet aliment.", souligne M. Omari. Le ministre s'est engagé aussi à assouplir le système de paiement des primes accordées par l'Etat dans le but d'encourager la production nationale, et ce, afin d'éviter les retards.