L'intensification de l'effort mené pour résoudre la crise libyenne s'impose au moment où le pays peine à sortir de sa crise politique et sécuritaire, tandis que la proposition du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon de nommer le diplomate allemand Martin Kobler comme nouvel émissaire pour la Libye en remplacement de Bernardino Léon est soumise au Conseil de sécurité. En ce sens, l'Algérie, soucieuse de voir revenir la paix et la stabilité en Libye, souhaite que cet effort puisse être "poursuivi" et "intensifié", même sous une autre forme mais toujours sous l'égide des Nations unies. Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra l'a d'ailleurs rappelé lors d'une interview au journal français Le Monde. "Même si le mandat de M. Leon (Bernadino) devait se terminer sans qu'il y ait un accord définitif, nous souhaitons qu'il n'y ait pas de vide, que l'effort puisse être poursuivi et intensifié, peut-être sous une autre forme, mais toujours avec les Nations unies au centre", a-t-il ajouté. Pour le chef de la diplomatie algérienne, la situation libyenne, "surtout si l'absence d'accord devait persister, elle est dangereuse pour le peuple libyen et pour son voisinage, la Tunisie, l'Egypte, le Soudan, le Tchad, le Niger et l'Algérie", a-t-il averti, rappelant que l'Algérie "se veut un exportateur de paix, de stabilité et de sécurité". Capacité d'écoute et de rassemblement de l'Algérie lors des négociations Relevant que le rôle de l'Algérie a été "essentiel" dans les efforts de paix en Libye, Ramtane Lamamra avait également indiqué que l'Algérie, qui a déjà abrité une série de séances de dialogue et de rencontre inter-libyennes, avait parlé à "toutes les parties à l'exception des groupes terroristes", soulignant sa "capacité d'écoute et de rassemblement". "Des Libyens de toutes régions, de toutes conditions, de toutes obédiences politiques sont venus en Algérie, souvent discrètement, parfois officiellement. L'Algérie ne s'ingère pas dans leurs affaires intérieures, elle veut être partie prenante à la solution. Ce message est compris de toutes les forces libyennes", a-t-il expliqué. "Nous disons simplement que toutes les demandes, si légitimes soient-elles, ne peuvent pas être satisfaites dans une période de tensions, d'absence de l'Etat, où le terrorisme et le crime organisé en profitent pour s'enraciner, aux dépens de la stabilité de la Libye, de son voisinage et de la communauté internationale", a-t-il encore précisé. Pour le chef de la diplomatie algérienne, "les égoïsmes, les incertitudes, les frustrations doivent pouvoir laisser la place à un sentiment plus fort : le patriotisme" a-t-il dit, affirmant que "sauver la Libye, voilà la boussole qui doit guider les uns et les autres" . Pour ce faire, M. Ban Ki-moon a, dans une lettre mercredi, informé le Conseil de sécurité de son choix de nommer le diplomate allemand Martin Kobler comme nouvel émissaire des Nations unies pour la Libye, en remplacement de Barnardino Léon. Les quinze auront jusqu'à vendredi pour s'opposer à cette nomination, qui devrait être ensuite formellement annoncée. En effet, M. Léon serait remplacé par l'ancien ambassadeur allemand en Irak et en Egypte, M. Kobler qui a dirigé la mission de l'ONU au Congo (Monusco) depuis deux ans. Agé de 62 ans, ce diplomate qui a travaillé pour le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer a rejoint l'ONU en 2010, comme émissaire adjoint pour l'Afghanistan puis comme émissaire spécial en Irak, de 2011 à 2013.(APS) Accord quand même Il faut rappeler qu'au terme de près d'une année de négociations, M. Léon était parvenu début octobre à arracher un accord sur un gouvernement d'union nationale aux représentants des parties en conflit. Cet accord, qui désigne un Premier ministre (Fayez el-Sarraj) et 17 ministres, devait toutefois être entériné par les deux Parlements parallèles qui se disputent le pouvoir en Libye pour pouvoir entrer en vigueur. L'ONU de son côté avait confirmé la poursuite des négociations après le rejet par plusieurs parties libyennes du plan de paix des Nations unies. "Le dialogue continue. Très bientôt nous espérons que le gouvernement proposé sera à Tripoli (...). Le processus est vivant et il y aura une solution politique pour la Libye", avait déclaré M. Léon. La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mâammar El Gueddafi en 2011. Deux autorités politiques se disputent le pouvoir depuis 2014, celle de Tripoli et l'autre, la seule reconnue internationalement, basée dans l'Est à Tobrouk, outre l'apparition de groupuscules terroristes qui ont favorisé l'insécurité dans le pays.