La prévention et la gestion des crises et conflits en Afrique, la thématique des médiations africaines et le combat contre le terrorisme dominent les travaux du Forum international sur la Paix et la Sécurité en Afrique qui se poursuivent mardi à Dakar avec une participation de haut niveau. Lors de cette 2ème édition du Forum de Dakar, quelque 800 participants dont des officiels, des responsables d'organisations internationales et régionales, des responsables militaires et des chercheurs, ont pris part aux différentes conférences et ateliers de cet événement. Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, qui participe dans la capitale sénégalaise à cette deuxième édition du forum entamé lundi, a indiqué que l'Algérie avait, "sur le plan stratégique, vaincu le terrorisme grâce aux sacrifices de l'Armée nationale populaire, structurée et engagée, soutenue par la mobilisation et à la détermination du peuple algérien". Présentant l'expérience algérienne en matière de lutte contre le terrorisme, M. Lamamra, a affirmé que cette victoire a été arrachée "grâce à la politique de la main tendue à ceux qui ont été induits en erreur" à la faveur de la concorde civile, suivie de la charte pour la réconciliation nationale initiées par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Le chef de la diplomatie algérienne a, par ailleurs, mis l'accent sur l'effort "soutenu" de l'Algérie en matière de dé-radicalisation et de lutte contre l'extrémisme tant au niveau national que régional et international, à travers notamment l'investissement dans l'éducation et la formation des jeunes pour "leur inculquer les valeurs authentiques de l'islam que les groupes terroristes extrémistes tentent de pervertir". Intervenant au cours de la plénière consacrée aux médiations en Afrique, M. Lamamra est revenu sur la longue expérience de l'Algérie en la matière, depuis les années soixante-dix à l'époque ou la diplomatie algérienne était conduite par le président Bouteflika et sa contribution "active" dans la résolution de plusieurs crises et conflits aux niveaux régional et international. Dans ce sens, M. Lamamra a dans son allocution lundi souligné que la contribution "qualitative" de l'Algérie à l'£uvre de paix et de réconciliation au Mali constitue un "enrichissement" de la doctrine et de la pratique de la médiation. Réitérant la position constante de l'Algérie en faveur d'une résolution pacifique des conflits, M. Lamamra a affirmé que l'"Algérie et son président demeurent disposés à coopérer pleinement dans la résolution pacifique des crises et conflits en Afrique et dans le monde". De son côté, le président sénégalais, Macky Sall, qui a présidé le panel de haut niveau, a souligné que l'"Afrique à elle seule ne peut résoudre des menaces dont elle ne constitue d'ailleurs ni la seule cible ni le seul champ d'expression", affirmant, dans ce sens, que c'"est ensemble, avec les pays et institutions partenaires, que nous trouverons les réponses les plus cohérentes et les plus efficaces aux menaces qui nous concernent tous." "C'est ensemble que nous devons soutenir les efforts d'appropriation par l'Afrique de ses enjeux sécuritaires. C'est ensemble que nous devons travailler au renforcement de nos forces de défense et de sécurité, en termes de formation, d'entraînement et d'équipement pour faire face aux conflits asymétriques", a-t-il soutenu. Pour sa part, le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat, a demandé un plus fort engagement financier du continent africain dans la lutte contre le terrorisme, soulignant qu'"en plus des engagements pris par l'Etat lui-même, il faut que l'engagement soit régional, continental avant d'être international". Co-organisateur de ce Forum, notamment en appui financier, l'Etat français, est représenté par son ministre de la Défense, Jean Yves Le Drian, qui a déploré le fait que "le thème reste malheureusement tout à fait d'actualité." "Ce forum s'installe dans le paysage de la réflexion sur la sécurité et la paix qui donne aujourd'hui des résultats. Et je souhaite que ces deux jours soient deux jours d'initiatives pour l'Afrique que nous aimons tous beaucoup", a-t-il déclaré. Intervenant également à cette occasion, l'Envoyé spécial de la Chine pour l'Afrique a souligné que "les problèmes des pays africains doivent être résolues par des solutions africaines", citant, à cet égard, l'ensemble des défis auxquels fait face le continent africain, que ce soit sur le plan économique, politique, social, culturel ou ethnique. Pour le grand ordonnateur de cet événement, l'homme politique sénégalais Cheich Tidiane Gaido, l'un des débats les plus importants reste la capacité des Etats africains à s'allier dans la lutte contre le terrorisme, estimant que "si l'Afrique ne se met pas en première ligne, y compris ses amis qui veulent la soutenir ne pourront pas faire le travail à sa place. Et ensuite si les partenaires internationaux sont d'accord pour qu'on mette en place des forces régionales africaines." "C'est à peu près ça, je crois, les grands objectifs de ce forum", a-t-il expliqué.