Les candidats à rejoindre les groupes terroristes en Syrie et en Irak sont essentiellement des jeunes de moins de 21 ans avec des antécédents de dépression, issus de familles athées de la classe moyenne, révèle une étude récente du Centre français de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI). Les cibles du discours radical, dont le vecteur privilégié de propagation demeure internet, se concentrent à 63% sur les jeunes de 15 à 21 ans, dont 40% d'entre eux ont connu la dépression, a indiqué l'étude rendue publique par le journal français le Figaro. Seuls 5% de ces jeunes ont commis des actes de petite délinquance, a souligné le CPDSI dans son document de 90 pages. "L'endoctrinement fonctionne plus facilement sur des jeunes hyper sensibles, qui se posent des questions sur le sens de leur vie", expliquent les auteurs de l'étude, axée sur le "prêt à croire" du religieux mondialisé, sa cible, et son moyen de propagation. Ils mettent en évidence un élargissement des cibles du discours radical, qui touche à 67% les classes moyennes, contre 16% pour les milieux populaires à égalité avec les catégories socioprofessionnelles supérieures (17%). "Contrairement à une idée reçue, les recrues de +l'islam radical+ ne se trouvent pas en majorité dans des familles musulmanes très pratiquantes (...) mais dans celles qui se déclarent athées et seules 10% comportent un grands-parents immigré", souligne le CDPSI, dont l'étude remet en cause les préjugés sur les candidats pour rejoindre les groupes terroristes en Syrie et en Irak. Le rapport, qui se base sur les déclarations de plus de 160 familles touchées par ce phénomène, pointe du doigt une "radicalisation en chambre" via internet. "Internet est le mode de recrutement privilégié, pour ne pas dire essentiel, des terroristes, dans près de 91% des cas", selon les auteurs, qui donne un aperçu détaillé des moyens mis en £uvre par les recruteurs pour créer un "espace virtuel sacré" où le jeune embrigadé rentre dans un chemin initiatique qui le conduira peut être jusqu'à la frontière turco-syrienne. "Les nouveaux discours terroristes ont affiné leurs techniques d'embrigadement en maîtrisant l'outil internet, à tel point qu'ils arrivent à proposer une individualisation de l'offre qui peut parler à des jeunes tout à fait différents", s'inquiètent-t-ils. Selon l'étude, les recruteurs, notamment pour le groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (Daech/EI), ont mis au point "5 mythes" pour enrôler leurs proies: le modèle du "chevalier héroïque", pour les garçons, le départ au nom d'"une cause humanitaire" pour les jeunes filles mineures, le "porteur d'eau" désignant ceux qui cherchent un leader, l'"appel du devoir" pour les jeunes qui souhaitent combattre, ou encore la quête de toute puissance attirant des personnes "sans limites". Aussi, elle pointe du doigt l'utilisation par les radicaux de l'univers des jeux vidéo. La violence virtuelle d'un jeu pratiqué par un jeune sensible peut favoriser "le départ pour une confrontation réelle", estiment les auteurs de l'étude, qui insistent sur l'impact de vidéos utilisant des images subliminales relevant de la théorie du complot postées en particulier par des recruteurs du groupe terroriste, Front al-Nosra, la branche syrienne d'al-Qaida.