L'attaque terroriste menée vendredi par des hommes lourdement armés contre un hôtel à Bamako ayant fait une vingtaine de morts a été vivement condamnée par plusieurs pays et organisations internationales, alors que le gouvernement malien a annoncé un deuil national de trois jours et décrété l'état d'urgence pour 10 jours. L'hôtel Radisson Blu de Bamako, un établissement qui héberge des délégations étrangères, a été attaqué vendredi matin par des assaillants retenant au départ 170 personnes en otage. La prise d'otages a duré neuf heures et s'est terminée à la suite de l'intervention conjointe des forces maliennes et étrangères. Des forces spéciales françaises venues d'Ouagadougou, au Burkina Faso voisin, ont participé aux opérations. Sont également intervenus des membres de la Minusma, la mission des Nations unies au Mali, et des militaires américains. Immédiatement après la fin de l'assaut, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, a salué sur son compte Twitter "le professionnalisme des forces de défense et de sécurité du Mali" et a remercié "les pays amis pour leur assistance". Dans un discours à la Nation diffusé par la télévision publique dans la nuit de vendredi à samedi, le président Keïta a fait état d'un bilan de 21 morts et sept blessés. "Le terrorisme ne passera pas", a-t-il assuré. Outre les 21 morts, "trois terroristes ont été tués ou se sont fait exploser", a affirmé une source militaire malienne, estimant que le nombre total des assaillants ne dépassait pas quatre. Par ailleurs, le gouvernement malien a annoncé un deuil national de trois jours et l'état d'urgence pour 10 jours à compter de vendredi minuit, après l'attaque revendiquée par un groupe terroriste lié à al-Qaïda. Des Algériens parmi les otages "sains et saufs" Une délégation officielle algérienne, hébergée à l'hôtel Radisson, figurait parmi les otages retenus par le groupe d'assaillants. Elle a été libérée et les six cadres de l'Etat sont sains et saufs, selon Ramtane Lamamra, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, qui a réitéré la "ferme condamnation" de l'Algérie de "tout acte terroriste en tout lieu et en toutes circonstances". A la suite de cette attaque, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a ordonné vendredi la mise en place "immédiate" d'une cellule de crise au niveau du ministère des Affaires étrangères afin de "recueillir l'ensemble des informations sur cette attaque et ses implications", indique un communiqué du ministère. Outre la délégation algérienne, plusieurs nationalités faisaient partie des clients de l'hôtel, selon le ministère malien de la Sécurité intérieure (Allemagne, Belgique, Canada, Chine, Côte d'Ivoire, Espagne, Etats-Unis, France, Inde, Maroc, Russie, Sénégal et Turquie). Attaque "barbare" et "odieuse" L'attaque contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako a suscité l'indignation de plusieurs pays dont les Etats-Unis, qui, par la voix de leur président Barack Obama, ont condamné un acte de "barbarie" qui "ne fait que renforcer notre résolution à faire face à ce défi". Des responsables américains ont indiqué qu'au moins un citoyen américain figurait parmi les otages. Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a qualifié d'"odieuse" l'attaque terroriste contre l'hôtel Radisson Blu, et s'est dit "préoccupé par le fait que ces attaques se tiennent à un moment où des progrès importants sont constatés dans le processus de paix" entre le gouvernement malien et les rebelles touareg du Nord. M. Ban a déploré "toute tentative de porter atteinte à la mise en œuvre de l'accord" de paix et de réconciliation au Mali, issu du dialogue intermalien inclusif, dont les rounds de discussions avaient été accueillis par l'Algérie, chef de file de la médiation internationale. Par ailleurs, il s'est félicité des déclarations des parties signataires "réitérant leur détermination à rester pleinement engagées dans la mise en œuvre de l'accord", et a exprimé son "plein appui aux autorités maliennes dans leur combat contre les groupes terroristes et extrémistes". L'attaque de Bamako a été également dénoncée par Al-Azhar, l'une des plus prestigieuses institutions religieuses en Egypte, assurant que l'islam était "innocent de ces pratiques terroristes odieuses, et de ces criminels qui ont perdu toute humanité". En Chine, le président Xi Jinping a "fermement condamné" l'attaque sanglante de l'hôtel international et affiché la disposition de Pékin à "renforcer sa coopération internationale, pour combattre les activités terroristes violentes qui touchent des innocents, pour maintenir la paix et la tranquillité". L'attaque de vendredi rappelle la prise d'otages du 7 août dernier dans un hôtel à Sévaré (centre), qui avait fait 13 morts. Le 7 mars, le premier attentat anti-occidental meurtrier à Bamako, visant un bar-restaurant, avait coûté la vie à cinq personnes dont un Français et un Belge.