Le gouvernement tunisien a pris des mesures pour renforcer la sécurité dans le pays après l'attentat terroriste perpétré mardi contre un bus de la sécurité présidentielle à Tunis coûtant la vie à 13 personnes et condamné par la communauté internationale qui a promis une coopération accrue avec la Tunisie dans son combat contre le terrorisme. Couvre-feu nocturne, état d'urgence rétabli, sécurité renforcée: la Tunisie était en "période délicate" après l'attentat terroriste perpétré contre un bus de la sécurité présidentielle à Tunis qui a fait au moins 13 morts, dont 12 agents de la garde présidentielle, tandis qu'une treizième dépouille restait à identifier après avoir été retrouvée sur les lieux. Suite à l'attentat, le président tunisien Béji Caïd Essebsi a décrété l'état d'urgence, levé moins de deux mois plus tôt, et ce, pour trente jours. Un couvre-feu a été également instauré par le ministère de l'Intérieur dans le Grand-Tunis dès mardi 24 novembre de 21h00 à 5h00 du matin. Une réunion de la cellule de crise sous la présidence du chef du gouvernement Habib Essid a été convoquée mercredi à la suite de ce nouveau coup. "La Tunisie traverse une période délicate après l'acte terroriste visant un bus de la sécurité présidentielle", a déclaré le chef du gouvernement. Le ministre tunisien de l'Intérieur a, de son côté, expliqué dans un communiqué, que "les cas d'urgence médicale et les travailleurs de nuit sont exempts du couvre-feu". Le ministère du Transport a annoncé que les mesures de sécurité seraient renforcées dans les ports et que seuls les voyageurs seraient autorisés à pénétrer dans l'enceinte de l'aéroport international de Tunis-Carthage. La centrale syndicale UGTT a annoncé de son côté l'annulation des grèves et rassemblements prévus mercredi. Les Tunisiens tenus de resserrer leurs rangs contre le terrorisme Le chef du gouvernement tunisien a affirmé lors de la réunion de la cellule de crise tenue le matin, que l'état d'urgence et le couvre-feu "seront appliqués fermement d'autant qu'il a été constaté que certains citoyens ne prennent pas en considération les exigences du dispositif opérationnel qu'implique cette mesure". "La loi antiterroriste sera appliquée à la lettre sans aucune indulgence", a-t-il assuré, appelant les Tunisiens à respecter l'état d'urgence et le couvre-feu et à aider les forces de sécurité intérieure à la mise en application de cette mesure. Le chef du gouvernement a appelé en outre les partis politiques, les organisations nationales et les acteurs de la société civile à l'unité nationale, à resserrer les rangs et à conjuguer les efforts pour venir à bout du terrorisme. La Tunisie, dit-il, "est en guerre contre le terrorisme et des sacrifices doivent être consentis non pas seulement par le gouvernement et des forces de l'ordre mais aussi par toutes les forces vives du pays. Le terrorisme ne nous empêchera pas d'aller de l'avant et nous avons une volonté de fer pour vaincre le terrorisme", a-t-il lancé. Et d'ajouter : "L'attaque terroriste perpétrée hier dans le centre de Tunis est grave et marque un tournant dans les actes de nature terroriste en visant un symbole de la souveraineté nationale, celui de la sécurité présidentielle qui assure la protection du président de la République, de l'Assemblée des Représentants du Peuple et de la présidence du gouvernement". Condamnations et promesses de coopérer avec Tunis L'Algérie, qui a souffert des affres du terrorisme était l'un des premiers pays voisins à condamner l'attentat terroriste en Tunisie. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a adressé un message de condoléances à son homologue tunisien, Béji Caid Essebsi, condamnant un "acte terroriste abject". "Je tiens à vous assurer, et à travers vous le peuple tunisien frère, de notre entière solidarité et soutien en cette pénible épreuve, tout en réaffirmant note condamnation avec force de cet acte terroriste abject et notre ferme détermination à poursuivre notre coopération en joignant nos efforts aux vôtres pour exterminer le terrorisme", a indiqué le Président Bouteflika dans son message. Le Conseil de sécurité des Nations-Unies a fermement condamné l'attentat perpétré mardi à Tunis, affirmant qu'aucun acte terroriste ne "détournera la Tunisie de sa marche vers la démocratie". Les 15 membres du Conseil de sécurité ont demandé, dans une déclaration unanime, aux pays de l'ONU de "coopérer activement avec les autorités tunisiennes" pour poursuivre en justice les responsables et les commanditaires de cet "acte de haine". Les Etats-Unis condamnent avec une "grande fermeté" l'attaque terroriste, la plus dure après les attaques du Bardo et de Sousse. "Nous adressons nos sincères condoléances aux familles des victimes tout en offrant notre assistance aux autorités tunisiennes chargées de l'enquête", a précisé la même source. Le département d'Etat a indiqué par ailleurs qu'il allait continuer à soutenir le peuple tunisien dans sa démarche pour la construction d'un avenir prospère et démocratique. Après ce troisième attentat sanglant, la presse tunisienne a appelé mercredi à l'union nationale et à la résistance. "Tous unis contre la barbarie", proclamait Le Quotidien, "la Tunisie ne pliera pas", ajoutait Le Temps, tandis que Al Maghreb réclamait "une nouvelle philosophie et des mesures spéciales" pour lutter contre le terrorisme. L'attaque n'a pas été revendiquée, mais le mode d'emploi est le même qu'avec les autres attentats ayant ébranlé ces derniers jours d'autres capitales du monde, Beyrouth, Ankara, Paris et Bamako. La nature de l'explosion n'a pas encore été révélée mais "c'est un attentat", a affirmé le porte-parole de la présidence Moez Sinaoui. La Tunisie avait levé début octobre l'état d'urgence imposé quelques jours après l'attentat qui avait fait 38 morts, tous des touristes étrangers, le 26 juin dans un hôtel en bord de mer près de Sousse.