Quelque 6,4 millions de Rwandais sont appelés aux urnes vendredi pour un référendum devant ratifier une révision constitutionnelle qui devrait notamment permettre au président Paul Kagame d'être candidat à un troisième mandat consécutif. Les électeurs devront répondre par "oui" ou par "non" à la question: "Etes-vous d'accord avec la Constitution de la République du Rwanda telle que révisée pendant l'année 2015 ?". Ce référendum doit ratifier la Constitution révisée en novembre par le Parlement. Les quelque 37.000 Rwandais de la diaspora inscrits sur les listes électorales votaient eux jeudi dans les représentations diplomatiques. "Les électeurs ont commencé à voter à l'étranger à 07H00, heure locale", a confirmé à Kigali Moïse Bukasa, porte-parole de la Commission électorale nationale (NEC). Les électeurs sont invités à cocher "Yego" ou "Oya" ("Oui" ou "Non" en kinyarwanda) sur un bulletin unique. Pour le sénateur Tito Rutaremara, un haut responsable du Front patriotique rwandais organise (FPR, au pouvoir), les Rwandais n'ont pas besoin d'être convaincus pour voter "oui" au référendum de vendredi puisque 3,7 millions d'entre eux ont déjà signé des pétitions en faveur de cette réforme constitutionnelle. De plus, la révision constitutionnelle est soutenue par la quasi-totalité des partis politiques autorisés au Rwanda, à l'exception du seul petit Parti démocratique vert qui a renoncé à faire campagne pour le "Non", estimant trop court le délai de 10 jours entre l'annonce du référendum et le vote. Elu président en 2003 et réélu en 2010, Paul Kagame a annoncé la tenue de ce vote référendaire le 9 décembre en cours. Le maintien de Kagame "dépend de la seule volonté des Rwandais" Les principaux changements de la Constitution de 2003 sont les nouveaux articles 101 et 172 qui autorisent potentiellement M. Kagame, 58 ans, à se maintenir au pouvoir 17 ans supplémentaires. Le nouvel article 101 continue de limiter le nombre de mandat présidentiel à deux, tout en abaissant sa durée sept à cinq ans. Mais parallèlement, un nouvel article 172 précise que cette disposition n'entrera en vigueur qu'après un nouveau septennat transitoire, entre 2017 et 2024, précisant que le président sortant y sera éligible, de même qu'aux deux quinquennats suivants. Ces derniers jours, des parlementaires ont toutefois demandé plus d'explications de la révision constitutionnelle et la NEC a indiqué avoir distribué dans le pays des documents résumant les modifications. Quant au président rwandais, il a balayé les accusations "de manoeuvres" et les appels de plus en plus fermes de ses partenaires occidentaux - Etats-Unis en tête - à quitter le pouvoir à la fin de son mandat, répétant que sa décision de se représenter ou non en 2017 dépendrait de "la seule volonté des Rwandais" et du résultat du référendum. Dans un éditorial jeudi, le quotidien progouvernemental New Times estime que le référendum "devrait se conclure en faveur du changement de Constitution, dont l'article-clé concerne la limite du nombre de mandats présidentiels". "Au final, (les électeurs rwandais) vont tracer la route pour leur pays: vont-ils garder une équipe et une formule gagnantes ou vont-ils s'aventurer dans des eaux inexplorées?", poursuit le journal.