Les Etats-Unis ont condamné mardi une décision du parlement rwandais réformant la Constitution pour permettre au président Paul Kagamé de se présenter pour un troisième mandat. Un porte-parole du département d'Etat n'a pas précisé si l'aide américaine au Rwanda, un ancien allié avec qui les relations se sont tendues, serait réduite, mais il a prévenu que les liens entre les deux pays pourraient être revus. Les sénateurs rwandais ont adopté mardi, après les députés fin octobre, une modification de la Constitution permettant au président de se représenter en 2017 et de potentiellement diriger le pays jusqu'en 2034. Cette réforme doit encore être soumise à un référendum mais elle devrait être validée, compte tenu de la faiblesse de l'opposition. "Les Etats-Unis notent avec une grande inquiétude le vote du Sénat rwandais aujourd'hui", a déclaré le porte-parole adjoint de la diplomatie américaine, Mark Toner, lors du point de presse quotidien. "Nous espérons que le président Kagamé mènera à terme ses engagements précédents de promouvoir une nouvelle génération de dirigeants au Rwanda, et quittera ses fonctions à l'issue de son mandat actuel en 2017", a-t-il prévenu. "S'il décide de rester au pouvoir, cela pourrait avoir des conséquences sur les relations à venir" entre les deux pays, a ajouté le représentant du département d'Etat, en réponse à un journaliste qui lui demandait si l'aide américaine au Rwanda allait diminuer. Paul Kagamé dirige le Rwanda depuis que les rebelles Tutsi, dont il fait partie, ont mis fin au génocide en 1994 et chassé les extrémistes Hutu. Il a gagné les élections de 2003 et 2010. La réforme fait passer de sept à cinq ans le mandat présidentiel et en limite le nombre à deux, mais elle n'entrera en vigueur qu'à l'issue d'un nouveau septennat transitoire entre 2017 et 2024, pour lequel le président en exercice reste éligible, de même qu'ensuite pour les deux quinquennats prévus. Washington a maintenu de bonnes relations avec Kagamé qui a, selon les Etats-Unis, ramené la stabilité et la prospérité dans un pays éreinté par le génocide. Mais les Etats-Unis s'opposent à la prolongation des mandats présidentiels des dirigeants africains, estimant que cela nuit à la mise en place d'institutions démocratiques. Si Kagame semble bénéficier d'un large soutien de la population, ses opposants l'accusent devenir de plus en plus autoritaire.