Le président du Rwanda, Paul Kagamé, ne veut pas déroger à la règle de la majorité de ses homologues africains. Lui aussi veut un troisième mandat, quitte à modifier la Constitution, en faisant voter un Parlement acquis à sa cause pour échapper à la sanction populaire. Et c'est ce que l'Assemblée nationale a fait hier à Kigali en apportant son onction au projet de modification de la première loi du pays qu'il dirige d'une main de fer depuis 2003. Usant du même discours que tous ces chefs d'Etat africains, qui justifient leur volonté de rester au pouvoir par une "volonté populaire" fictive, Paul Kagamé a affirmé qu'il n'existe qu'une dizaine d'électeurs opposés à sa candidature sur les 6 millions inscrits sur les listes électorales. Le régime de Kigali a fait valoir comme argument les 3,7 millions de signatures collectées, suite au lancement de plusieurs pétitions réclamant le maintien de Kagamé au pouvoir. Pour faire passer la pilule, les partisans de Kagamé ont également lancé une série de "consultations populaires" autour de l'article qui fera l'objet d'une révision afin de permettre à Paul Kagamé de briguer un troisième mandat en 2017. Elu en 2003, puis en 2010 pour un deuxième septennat, l'homme fort de Kigali ne compte donc pas lâcher le pouvoir et donner l'exemple aux autres chefs d'Etat du continent qui s'accrochent au pouvoir, même au prix de guerres destructrices, comme cela est le cas en Centrafrique, ou de chaos économique comme au Zimbabwe, pour ne citer que ces deux pays. L. M.