Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a affirmé lundi que le secteur des mines connaîtrait à partir de 2016 une grande dynamique à travers le lancement de plusieurs projets visant la création d'une véritable industrie minière pour contribuer à la réduction des importations dans ce domaine. Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, M. Bouchouareb a souligné que 2016 serait l'"année des mines" avec la mise en exploitation de plusieurs projets d'investissement lancés ces dernières années, notamment en ce qui concerne le phosphate, le fer, le marbre, le manganèse, le vanadium et le zinc. Il a ajouté dans ce sens que la stratégie du secteur reposerait à l'avenir sur la transformation des produits miniers afin de ne plus recourir à l'exportation de ces minerais en leur état brut. S'agissant du phosphate, le ministre a indiqué que le programme de développement de la production nationale concernant cette substance visait à atteindre 6 millions de tonnes/an à l'horizon 2018 et 10 millions de tonnes à l'horizon 2020 contre 1,2 millions de tonnes de brut actuellement, annonçant la réalisation de quatre unités de transformation dont deux unités à Oued El Kebrit (Souk Ahras) et à El Aouinat (wilaya de Guelma). Ces investissements permettront à l'Algérie de maîtriser la filière de l'industrie des engrais, ce qui fera d'elle une pionnière dans l'exportation de ces produits dans le monde, a indiqué le ministre. Pour ce qui est de la sidérurgie, M. Bouchouareb a relevé le progrès enregistré dans l'étude de faisabilité économique relative au projet de Ghar Djebilat (Tindouf), ajoutant que la première étude de faisabilité ayant concerné l'aspect technique du projet, supervisée par un bureau d'études canadien, avait été couronnée de succès. Le bureau d'études a également réussi à adopter les meilleurs méthodes pour traiter ce minerai en réduisant le taux de phosphore dans le fer brut au niveau de la même mine de 0,8 % à 0,3 %. L'étude a permis de confirmer l'existence d'importantes potentialités au niveau de la mine qui recèle ce minerai avec une grande quantité de fer brut (63 %), a précisé le premier responsable du secteur. La valorisation de Ghar Djebilat a été entravée dans le passé par des problèmes techniques, notamment ceux relatifs à la composition du minerai qui renferme une grande quantité de phosphore et d'arsenic, ce qui explique sa faible exploitation. La Société nationale de Sidérurgie, crée en 2014 en partenariat entre Sonatrach, Sider, le groupe industriel des ciments d'Algérie et Manadjim el Djazaïr pour développer le projet, table sur une production de 10 à 20 millions de tonnes d'acier à l'horizon 2025. Concernant les autres ressources minières, des équipes techniques ont été installées, composées notamment d'experts étrangers, chargées de l'évaluation des potentialités concernant chaque minerai et les moyens de leur exploitation, a indiqué le ministre. La production effective du marbre permettra à l'Algérie d'économiser près de 500 millions de dollars/an destinés à l'importation de cette matière. Il a en outre cité le Vanadium dont l'Algérie recèle d'importantes réserves et qui est un élément essentiel pour la production des batteries de stockage de l'énergie solaire. "Il est également un produit d'avenir que l'Algérie pourrait exploiter dans le cadre du développement des énergies renouvelables", a-t-il dit. Par ailleurs, M. Bouchouareb a insisté sur les avantages accordés pour le développement de l'investissement dans le secteur industriel, "les plus importants depuis l'indépendance". L'année 2016 connaitra la même cadence, à travers la présentation de la nouvelle loi sur l'investissement, la loi d'orientation sur les petites et moyennes entreprises (PME) et la poursuite de la mise en oeuvre des plans d'investissement des entreprises nationales à l'instar de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) qui a vu dernièrement l'adoption de son plan d'investissement et de développement. Jusqu'à présent, les projets de cinq holding publics sur 12 ont été inscrits dans la feuille de route pour examen et adoption par le Conseil des participations de l'Etat. Le ministre a annoncé la réalisation du plus grand complexe textile au niveau africain dans le cadre d'un partenariat algéro-turc, soulignant que ce projet permettra la création de 10.000 emplois, tandis que 40% de sa production seront destinés à l'exportation vers les marchés voisins. Concernant la production du ciment, M. Bouchouareb a réaffirmé que l'Algérie réaliserait l'autosuffisance en cette matière vitale fin 2016 en vue d'orienter l'excèdent de sa production nationale vers l'exportation. Le gouvernement algérien a engagé des négociations avec la société française Lafarge pour accompagner la cimenterie publique "GICA" dans ses investissements sur les marchés voisins, en exploitant les potentialités de l'Algérie dans le domaine des transports (route transsaharienne et projet du nouveau port prévu près de Cherchell). -Signature en février de l'accord de création de l'usine peugeot à Alger Concernant l'industrie automobile, M. Bouchouareb a indiqué que le projet Peugeot entrerait dans sa phase d'application en février prochain, à la faveur de la signature d'un accord sur la réalisation d'une usine automobile, à l'occasion de la rencontre devant regrouper à Alger le Premier ministre, Abdelmalek Sellal et son homologue français, Manuel Valls. Dans le cadre de ce partenariat, le constructeur français qui sera accompagné de 7 grandes sociétés spécialisées dans l'industrie de pièce détachées accompagnera le développement du tissus national de sous-traitance industrielle. "Plusieurs autres marques étrangères ont manifesté leur intérêt pour le montage de véhicules en Algérie et la plupart d'entre elles mènent des négociations avancées avec des partenaires algériens", a-t-il ajoutant citant, entre autres marques, Ford, Hyundai et Fiat. A cette occasion, le ministre a rappelé que l'application du plan d'investissement de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) permettra à cette dernière de concrétiser et de renforcer son partenariat avec les deux marques allemandes Deutz et Mercedes-Benz. Le ministre s'est interrogé sur "le but de la campagne menée par certaines parties politiques contre le gouvernement, suite aux mesures prises dans le cadre de la loi de finances 2016, lesquelles accusent le gouvernement de vouloir affamer le peuple à travers un retour à la privatisation des entreprises publiques et appellent le président de la République à ne pas signer la loi de finances". M. Bouchouareb a précisé que ces mesures "ne concernent pas la politique sociale du gouvernement, qui ne changera pas en dépit de la chute des cours pétroliers".