Le Conseil de sécurité de l'ONU a préconisé samedi une solution ‘‘par étapes'‘ avec les dirigeants de l'Union africaine pour stopper l'escalade des violences au Burundi, dont le président Pierre Nkurunziza est opposé à toute ingérence étrangère. Lors de la réunion qui s'est déroulée au siège de l'UA à Addis Abeba, les envoyés des quinze pays membres du Conseil ont reconnu le peu de progrès enregistré vendredi à Bujumbura à l'issue de leurs entretiens avec M. Nkurunziza. Les discussions ont porté sur le déploiement d'une force africaine et sur une reprise des discussions avec l'opposition pour mettre fin à la crise provoquée par l'élection controversée à un troisième mandat de M. Nkurunziza l'an dernier. Les violences se sont multipliées depuis l'annonce de sa candidature en avril et sa réélection en juillet. Les manifestations de rues, un coup d'Etat manqué et une rébellion armée ont déjà fait plus de 400 morts et contraint à l'exil quelque 230.000 personnes, selon l'ONU, et suscité des craintes de voir le pays replonger dans des massacres interethniques entre Hutu et Tutsi. Mais M. Nkurunziza ‘‘est dans le déni total des dangers'‘, a regretté samedi l'ambassadeur égyptien Amr Aboulatta, à l'issue de cette tournée de trois jours. Des violences, qui ont fait au moins un mort, ont ainsi éclaté jeudi à Bujumbura peu avant l'arrivée de la délégation onusienne. C'est la seconde fois en dix mois que le Conseil de sécurité se rend au Burundi et la représentante des Etats-Unis, Samantha Power, a noté ‘‘beaucoup plus de peur'‘ de la part des dirigeants de la société civile, qui vivent pour la plupart en exil. Mais ‘‘nous devons procéder par étapes'‘ malgré la gravité de la situation, a-t-elle souligné. Le sommet de l'UA, les 30 et 31 janvier en Ethiopie, doit évoquer le projet de force africaine de 5.000 hommes déployée au Burundi, considérée par Bujumbura comme une ‘‘force d'invasion et d'occupation'‘. Pour M. Aboulatta, une résolution de l'ONU soutenant la force de l'UA serait ‘‘prématurée'‘ et le bloc panafricain doit ‘‘reconsidérer son approche'‘ après le refus de M. Nkurzunziza. L'envoyé russe, Petr Iliichev, a proposé la création d'une mission policière internationale pour patrouiller dans les quartiers contestataires de Bujumbura, soulignant l'impact ‘‘négatif'‘ de la présence de troupes africaines dans les efforts pour renouer le dialogue entre le gouvernement et l'opposition. La France, pour sa part, a souhaité un déploiement ‘‘aussi vite que possible'‘ d'une centaine d'experts militaires et d'observateurs des droits de l'Homme appartenant à l'UA, notamment à la frontière avec le Rwanda, accusé par M. Nkurunziza de soutenir des groupes d'opposition armés, ce que Kigali dément. Le sommet de l'UA devra également décider du sort de la médiation ougandaise, qui n'a organisé qu'une réunion entre gouvernement et opposition en décembre, alors que les membres du Conseil ont poussé pour un rôle accru de l'ONU dans cette médiation. Plutôt que des sanctions, l'ONU a également préféré évoquer une aide financière au Burundi dans un geste de soutien pour régler la crise. Mme Power, a reconnu que les discussions vendredi avec le président burundais ‘‘n'avaient pas été aussi productives'‘ que ce que le le Conseil aurait souhaité. M. Nkurunziza a campé sur ses positions et a réfuté que les violences puisse déboucher sur des massacres ethniques. ‘‘Je vous garantis qu'il n'y aura plus de génocide au Burundi'‘, a-t-il assuré, en promettant que ‘‘le pays est en sécurité à 99%'‘.