Le film documentaire "At (h)ome" de la réalisatrice franco-algérienne Elisabeth Leuvrey, un retour par l'image et les témoignages sur le drame nucléaire de 1962 dans la localité de In Ecker au nord de Tamanrasset, a été projeté au public vendredi soir à Alger. D'une durée de 53 mn, ce documentaire sorti en 2013 a été présenté en compétition documentaire des 6ème Journées cinématographiques d'Alger (Jca) inaugurées jeudi. Accompagnée du photographe Bruno Hadjih, la réalisatrice revient sur les lieux de ce qu'on appelle aujourd'hui "l'accident de Béryl", le plus grave essai nucléaire manqué dans cette région du monde, survenu le 1er mai 1962 lorsque la France réalisait son second essai nucléaire souterrain dans le massif granitique de Taourirt Tan Afella. Comptant beaucoup plus sur les clichés du photographe et des enregistrements sonores, le documentaire revient sur les lieux de la base "Oasis 2" pour montrer l'étendue des dégâts encore visibles dans la région dus aux laves et aérosols radioactif projetés par l'explosion. A quelques kilomètres du lieu du drame, la réalisatrice rencontre un village fortement ébranlé par ce drame et y rencontre des touareg, témoins vivants de cette explosion dont certains étaient même employés dans ce site présenté à la population comme une simple exploitation minière. Avec les touareg de la région, l'équipe du film reconstitue l'explosion et les semaines qui ont suivi en récitant avec beaucoup d'émotion les noms des villageois décédés et l'ambiance de panique et d'incompréhension totale dans laquelle ils ont vécu. En plus des quelques clichés des nombreux enfants et adultes souffrant de malformations et d'une multitude de maladies, le documentaire revient également sur la catastrophe écologique que subissent les petits villages agricoles à proximité de In Ecker où « le poison est partout : dans les eaux des nappes phréatiques comme dans la terre et les récoltes» témoignent les habitants. Le documentaire donne également la parole, sans beaucoup d'images, à d'anciens détenus qui ont séjourné dans des pénitenciers coloniaux de la région dans les années 1990 qui évoquent un "taux de mortalité élevé par différents types de cancer". Même s'ils ont présenté un grand intérêt pour le sujet et les témoignages recueillis, plusieurs cinéastes et observateurs regrettent que ce travail se base uniquement sur les photographies alors que la région et le sujet "présentent un énorme potentiel cinématographique". Inaugurées jeudi, les 6ème Journées cinématographiques d'Alger se poursuivent jusqu'au 8 février à la salle de la cinémathèque d'Alger.