La "forte vulnérabilité" de l'économie mondiale doit conduire à réfléchir à de nouveaux "filets de sécurité financière" sur le globe, à destination notamment des pays émergents, a indiqué le Fonds monétaire international (FMI) mercredi. "(Il y a) des risques accrus de déraillement de la reprise au moment où l'économie mondiale est fortement vulnérable à des chocs négatifs", indique le FMI dans un rapport publié à deux jours d'une réunion du G20-Finances à Shanghai. Le Fonds s'inquiète notamment des turbulences financières "croissantes", de la chute des marchés boursiers et des "inquiétudes" liées au ralentissement chinois et à la chute des prix du pétrole. Dans ce contexte, le FMI juge "probable" un nouvel abaissement de ses prévisions de croissance mondiales en avril, lors de la publication de ses projections semestrielles. L'institution appelle les grands argentiers du G20, qui se réunissent en Chine vendredi et samedi, à mener d'urgence des "actions fortes" pour doper la croissance comme ils s'y sont engagés dans le passé. Son rapport note toutefois que "moins de la moitié" des mesures économiques-clés promises par les grandes puissances ont, jusqu'à présent, été mises en œuvre. Les Etats-Unis ont d'ailleurs par avance minimisé la portée de la réunion de Shanghai. "Il ne faut pas s'attendre à une réponse de crise dans un environnement sans crise", a affirmé le secrétaire américain au Trésor, Jack Lew, interrogé mercredi par Bloomberg TV. Dans son rapport, le FMI estime, lui, que la conjoncture actuelle doit pousser les grandes puissances à innover et afin de mieux résister à une possible crise. Selon l'institution, les efforts de la communauté internationale doivent ainsi "urgemment" se concentrer sur des moyens d'améliorer "le filet de sécurité financier" mondial. "Il pourrait en particulier y avoir besoin d'envisager de nouveaux mécanismes de financement pour faire face aux risques qui menacent les pays exportateurs de matières premières et les pays émergents disposant de fondamentaux solides mais vulnérables aux évènements extérieurs", indique le FMI, sans donner plus de détails. Le Fonds appelle également le G20 à réfléchir à un nouveau mécanisme de soutien financier qui pourrait permettre de "contenir" l'impact économique de crises géopolitiques ou sanitaires. "Le monde manque d'un mécanisme pour gérer ces problèmes", estime le FMI, évoquant la crise des réfugiés ou de grandes épidémies. Le FMI abaisse ses prévisions de croissance mondiale pour 2016 et 2017 Le Fonds monétaire international a abaissé ses prévisions de la croissance mondiale pour 2016 et 2017 en mettant en garde contre "un déraillement" de l'économie mondiale. Dans une note sur les perspectives de l'économie mondiale, publiée mercredi à la veille de la réunion du G20 finances, qui se réunira le 26 et 27 février à Shanghai, le FMI a indiqué avoir revu à la baisse de 0,2% ses prévisions de la croissance mondiale à 3,4% en 2016 et à 3,6% en 2017. Il souligne que la reprise s'est affaiblie en raison des turbulences enregistrées sur les marchés financiers, alors que la persistance de cette crise pourrait le pousser à abaisser encore ses prévisions lors de la révision des perspectives de l'économie mondiale, prévue en avril prochain. Selon le FMI, la croissance a ralenti en fin 2015 et s'est affaiblie davantage en début 2016, affectée par la baisse de l'activité économique aux Etats-Unis, dans la zone euro, au Japon et dans les pays émergents. La chute des prix de pétrole a également réduit les perspectives de croissance dans les pays du Moyen Orient ainsi qu'au Brésil. Ces développements présentent des risques élevés et peuvent causer un déraillement de la reprise à un moment où l'économie mondiale est très vulnérable aux chocs négatifs, avertit cette institution financière internationale. A ce propos, le FMI relève que la chute des prix du pétrole pourrait déstabiliser davantage les perspectives de croissance dans les pays exportateurs de brut, alors que l'impact de cette dégringolade des cours pourrait se traduire également par un soutien plus faible que prévu pour la demande des pays importateurs. Ces deux facteurs vont contribuer à réduire la croissance mondiale qui sera impactée, par ailleurs, par les chocs non économiques tels que les conflits géopolitiques liés au terrorisme, aux épidémies ainsi qu'a la crise des réfugiés. Selon le FMI, les cours de brut ont nettement baissé sous l'effet des prévisions du marché annonçant une hausse soutenue de la production OPEP. Ce recul important des cours pétroliers a eu aussi un effet notable sur l'investissement dans l'extraction du pétrole et du gaz qui s'est davantage réduit. La crise nécessite des solutions politiques qui renforcent la croissance et gèrent les vulnérabilités, recommande le FMI qui appelle au maintien des politiques monétaires accommodantes. Pour les pays exportateurs de matières premières, le Fonds préconise des ajustements budgétaires, la mise en place de nouveaux modèles de croissance plus diversifiés et une flexibilité du taux de change pour amortir l'impact des chocs externes défavorables. Le renforcement de la résilience exige également une surveillance des cadres macro-prudentiels, ainsi que le renforcement du secteur des entreprises et des banques.