Le FMI a noté que la croissance a ralenti pour la cinquième année consécutive dans les pays émergents et ceux en développement, qui représentent plus de 70% de la croissance mondiale. Après le sombre diagnostic de la Banque mondiale (BM) publié début janvier, c'est au tour du Fonds monétaire international (FMI) de revoir à la baisse ses prévisions économiques. En cause : le ralentissement de la croissance de l'ogre chinois et des pays émergents. Le Fonds a d'ailleurs abaissé de 0,2 point sa prévision de croissance pour 2016 (3,4%), comme pour 2017 (3,6%). «En 2015, l'activité économique mondiale est restée languissante», a écrit en préambule le FMI dans ses dernières Perspectives de l'économie mondiale, présentées hier. Le FMI a noté que la croissance a ralenti pour la cinquième année consécutive dans les pays émergents et ceux en développement, qui représentent plus de 70% de la croissance mondiale. Pour le FMI, trois transitions importantes continuent d'influer sur les perspectives mondiales : le ralentissement «progressif» de la Chine lié au rééquilibrage de l'investissement et de l'industrie vers la consommation et les services, la baisse des prix de l'énergie et le durcissement graduel de la politique monétaire aux Etats-Unis. «La croissance mondiale pourrait dérailler si ces écueils importants ne sont pas bien gérés», a prévenu l'institution de Bretton Woods. Le FMI a exprimé surtout son inquiétude sur les «répercussions» de l'essoufflement de la seconde puissante économie mondiale sur les pays émergents, guettés par un «ralentissement généralisé». L'«atonie de la demande», selon le Fonds, fait actuellement chuter le cours de nombreuses matières premières, privant les pays exportateurs de précieux relais de croissance et ressources cruciales. Les prix du pétrole sont ainsi tombés sous la barre des 30 dollars le baril, une première depuis 12 ans. «La baisse des prix du pétrole met à rude épreuve la situation budgétaire des pays exportateurs de carburants et pèse sur leurs perspectives de croissance», a constaté le FMI, pour qui cette évolution abaisse en revanche les coûts de production de nombreux secteurs et entraîne des conséquences positives pour les consommateurs, mais ces effets favorables s'«atténuent», à mesure qu'augmentent les pertes des pays producteurs et que fondent les investissements dans l'extraction de pétrole et de gaz. La Russie devrait rester en récession cette année (-1,0%), tout comme le Brésil (-3,5%) qui pâtit, d'après le FMI, d'«incertitude politique» et des «répercussions persistantes» du scandale de corruption de la compagnie Petrobras. Le Brésil devrait entraîner dans sa chute l'ensemble du sous-continent, attendu en récession de 0,3% cette année. Dernière menace pour les pays émergents, la normalisation progressive de la politique monétaire américaine, amorcée en décembre, a déjà contribué à un «durcissement» de leur financement, à un assèchement des flux de capitaux et à de «nouvelles dépréciations monétaires», a expliqué le FMI. Fort de ce constat, l'institution a exhorté ces pays d'«accroître la production effective et potentielle en soutenant la demande et en opérant des réformes structurelles».