L'opposition réunie au Kazakhstan Les formations membres du HCN insistent pour être reconnues comme les seules représentatives de l'opposition au régime de Bachar al Assad et donc les plus à même de siéger à ce titre, lors des négociations indirectes. Demain, à Genève, doivent commencer les pourparlers de paix en Syrie, sous l'égide de l'ONU, afin de parvenir à une solution politique mettant fin à un conflit qui a fait plus de 260.000 victimes. Or, trois questions fondamentales se posent encore, la veille de cette rencontre: qui va y participer du côté de l'opposition? Quelles mesures d'urgence peuvent être prises au plan humanitaire? Quel doit être l'ordre du jour des délégations invitées. Hier, plusieurs groupes de l'opposition syrienne parrainés par l'Arabie saoudite ont débattu à Riyadh, dans le cadre du Haut Comité des négociations (HCN), créé en décembre dernier dans cette seule perspective. Ayant désigné Mohamed Allouche négociateur en chef, ils se heurtent au refus de Damas qui considère le groupe armé rebelle Jaïch al Islam dont il est le chef comme terroriste et donc persona non grata. Or ce même HCN voudrait mettre en cause la liste retenue par l'émissaire de l'ONU, Staffan de Mistura, et notamment la partie kurde syrienne validée par Damas. Les formations membres du HCN insistent pour être reconnues comme les seules représentatives de l'opposition au régime de Bachar al Assad et donc les plus à même de siéger à ce titre lors des négociations indirectes qui doivent commencer à Genève. L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a envoyé mardi dernier des invitations, sans pour autant donner la moindre information sur l'identité des personnes invitées. Si la délégation du régime qui sera conduite par deux diplomates de haut niveau ne pose aucun problème, la controverse battait hier son plein en ce qui concerne la délégation de l'opposition, le clan pro saoudien ne parvenant pas à arracher l'exclusivité. De Mistura a effectivement convié au rendez-vous genevois d'autres parties de l'opposition validées par le régime syrien et ses mentors russe et iranien, au cours des discussions inscrites dans le processus de Vienne. Durant la journée d'hier, les groupes du HCN se sont évertués à obtenir de l'ONU des indications, certains parlent d'«explications», sur «la nature des invitations adressées aux autres parties en qualité d'opposition. Certaines sources évoquent la présence de Kadri Jamil, ancien vice-Premier ministre de Bachar al Assad, remercié en 2013, mais dont les excellentes relations avec Moscou, soutien prépondérant du régime, sous-tendent la présence nécessaire. Côté kurde, c'est Haytham Manna, co-président du Conseil démocratique syrien (CDS, une alliance d'opposants kurdes et arabes), qui a également reçu une invitation en sa qualité de corpus politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance rebelle soutenue par les Etats-Unis et composée principalement des YPG (Unités de protection du peuple), milice kurde qui contrôle des zones dans le nord du pays. Mais cette participation des Kurdes, en pointe dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI) qui occupe des pans du territoire syrien, est une pomme de discorde même entre les puissances étrangères. La Turquie rejette catégoriquement leur présence aux négociations en les accusant d'être directement affiliés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui organise depuis quatre décennies la rébellion dans le nord du pays, notamment. Ankara redoute qu'avec cette reconnaissance ne s'amorce le dessein prêté aux artisans du GMO de modeler un nouvel Etat kurde sur les territoires arrachés à l'Irak, à la Syrie mais aussi à la Turquie. C'est pourquoi elle a averti qu'elle boycotterait la rencontre de Genève si la délégation du PYD-YPG y serait conviée. Prudents, en conséquence, les responsables du PYD affirmaient hier soir qu'ils n'avaient toujours pas été destinataires de la moindre invitation tandis que la Russie réaffirmait sa conviction qu' «en l'absence des Kurdes, les négociations n'aboutiraient à aucun résultat». Comme cela a été convenu à Vienne, les négociations vont concerner une feuille de route qui prévoit un cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des élections dans les 18 mois. Tandis que l'opposition du HCN continue de réclamer le départ de Bachar al Assad avant le début de la phase de transition, sur le terrain, les forces du régime, appuyées par l'aviation russe, ont enregistré une nouvelle victoire face aux rebelles en reprenant lundi Cheikh Miskine, à un carrefour stratégique menant au nord, à Damas, et à l'est, vers la ville de Soueida.