Le Département d'Etat américain a critiqué les conditions carcérales "inhumaines" dans les prisons marocaines où 119 détenus ont trouvé la mort en 2015, dans son rapport mondial sur la situation des droits de l'Homme. Dans ce rapport, publié mercredi à Washington, le Département d'Etat américain a affirmé que "les conditions de détention au Maroc restent précaires et ne répondent pas aux normes internationales" en Vigueur. S'appuyant sur des chiffres du gouvernement marocain, le document du Département d'Etat fait état de 119 détenus qui ont trouvé la mort en 2015, dont 14 décédés pendant leur transfert à l'hôpital et 82 durant leur hospitalisation. Le rapport s'inquiète de la dégradation des soins de santé fournis aux prisonniers au Maroc. Les prisons sont surpeuplées en raison du recours abusif à la détention provisoire, a constaté le Département d'Etat qui cite à ce propos des sources gouvernementales et des ONG. L'augmentation de la population carcérale, couplée à un nombre réduit des centres d'observation pour mineurs a amené les autorités à tenir en détention des mineurs dans des prisons d'adultes. La torture dans les établissements pénitenciers persiste également notamment pendant la garde à vue, alors que les enquêtes "sur ce crime n'ont jamais aboutit ou donné lieu à sanctions contre les agents impliqués". Plus grave encore, plusieurs victimes ont été condamnées à la prison pour fausses allégations de torture, note le rapport. En août 2014, les autorités marocaines ont condamné Wafa Charaf, activiste politique, pour deux ans de prison et une amende 50.000 dirhams pour avoir rapporté son enlèvement et les actes de torture qu'elle a subi par des inconnus. En 2015 huit autres victimes de torture ont subi le même sort que Wafa Sharaf, selon le rapport. Les autorités civiles au Maroc ont échoué à maintenir un contrôle effectif sur les forces de sécurité qui s'adonnent à la corruption, a constaté le Département d'Etat qui a dénoncé, par ailleurs, "les arrestations arbitraires, la prolongation de la durée de la détention préventive, la violation du droit au procès équitable et la faible participation des femmes à la vie politique". L'auto-censure et les restrictions imposées aux journalistes ont empêché l'émergence d'une presse indépendante d'investigation. La presse électronique n'a pas échappé à ces entraves, a relevé le Département d'Etat américain qui a rappelé, dans ce contexte, l'affaire de Hamid El Mahdaoui, directeur de la publication du site Badil.info, condamné à quatre mois de prison pour "allégations mensongères" contre le chef du renseignement intérieur Abdelatif Hammouchi. Globalement, le rapport du Département d'Etat dresse un sombre tableau de la situation des droits de l'homme au Maroc durant l'année 2015, caractérisée par la persistance de la traite humaine et le travail des enfants. Le Maroc demeure "une destination au tourisme sexuel", relève le document.