La France, en sa qualité de pays membre du Conseil de sécurité de l'ONU, a été appelée, mardi lors d'une conférence internationale à Paris, à jouer un ‘‘rôle déterminant'‘ dans le règlement du conflit du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique. ‘‘J'insiste sur le rôle déterminant que peut jouer la France et sur la nécessité d'opter pour une position de neutralité et plus équilibrée'‘ dans le conflit du Sahara occidental, a affirmé Mohamed Sidati, membre du secrétariat national du Front Polisario, ministre conseiller de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) auprès de l'Europe. Pour ce responsable sahraoui, ‘‘un rôle négatif du pays des droits de l'homme affecte la politique de l'Union européenne et encourage l'arrogance'‘ du Maroc, force occupante du Sahara occidental, territoire déclaré en 1964 par l'ONU non-autonome. Dans son intervention, le nouveau représentant du Front Polisario en France, Oubbi Boucheraya, a considéré que ‘‘la France officielle ne joue pas un rôle conformément aux résolutions de l'ONU'‘, relevant que ‘‘son soutien aux thèses marocaines a nourri l'intransigeance et l'arrogance du Maroc qui bafoue les droits humains'‘. Pour lui, la France doit être ‘‘un élément de la solution et non pas du problème'‘. Même si le député français, président du groupe d'amitié France-Algérie, Patrick Mennucci, acquis pour la cause sahraouie, a réfuté la responsabilité de la France dans la situation de blocage du règlement du conflit, il a souligné par contre le droit à l'existence du peuple sahraoui et son droit à l'autodétermination. ‘‘La responsabilité majeure de la situation actuelle incombe au Maroc'‘, a-t-il soutenu, reconnaissant cependant qu'il y a, dans la vie politique française, des opinions diverses sur la question du Sahara occidental et qu'il faut travailler pour ‘‘faire évoluer'‘ la position française. Pour Gianfranco Fattorini, représentant permanent de l'association américaine des juristes auprès de l'ONU, ‘‘la France en sortirait grandie si elle jouait un rôle plus actif et il en serait de son intérêt'‘. ‘‘La France sortirait grandie si elle protégeait le peuple sahraoui et son droit à l'autodétermination'‘, a-t-il ajouté, attirant l'attention sur la jeunesse sahraouie, ‘‘pacifique mais vivant dans le désespoir'‘, qui pourrait être emmenée à ‘‘intégrer des mouvements violents'‘. Pour ce juriste, ‘‘laisser pourrir la question du Sahara occidental, c'est participer à l'affaiblissement des Nations unies, organisation malheureusement manipulée par certaines puissances'‘. Le député Hervé Ferron, qui vient de terminer un film sur les souffrances du peuple sahraoui, a souligné, au cours de cette conférence, à laquelle a pris part le comédien Pierre Richard, que c'est ‘‘une autre violence que d'empêcher les Sahraouis d'exprimer leur culture et d'abandonner leur identité, leur appartenance à un territoire'‘. Pierre Galand, ancien sénateur belge, président de la Coordination européenne de soutien au peuple sahraoui, a relevé en clôturant les travaux que l'Union européenne entretient les ‘‘meilleures'‘ relations avec deux entités colonisatrices : le Maroc et Israël, alors que, a-t-il souligné, ‘‘elle doit favoriser la paix et non pas la guerre'‘. Revenant sur l'expulsion récente du Maroc des juristes européens, venus défendre les prisonniers politiques sahraouis, il a noté que cette expulsion a été ‘‘un bon coup médiatique'‘ pour la cause sahraoui, en faisant le parallèle avec le blocus imposé par Israël sur Ghaza, ‘‘un crime de guerre'‘, a-t-il dit. Signalant que la rencontre, qui s'est déroulée dans une salle de l'Assemblée française, a été émaillée d'une tentative de perturbation dans le débat par deux ressortissants marocains, que les juristes ont tout de suite répondu par l'argumentaire du droit international qui est en faveur du peuple du Sahara occidental.