Une centaine de personnes ont interpellé, dans un rassemblement dimanche après-midi à Paris, le président français François Hollande afin que la France reconnaisse officiellement les massacres du 8 mai 1945 perpétrés en Algérie. Au cours de ce rassemblement à la place Châtelet, organisé par le Collectif unitaire pour la reconnaissance des crimes d'Etat de 1945 en Algérie, fort de plus d'une trentaine d'associations françaises, les intervenants, dont des historiens, ont souligné la promesse non tenue du président français pour la reconnaissance des crimes coloniaux. L'historien Olivier le Cour Grandmaison a rappelé que les massacres, perpétrés le 8 mai contre des civils, se sont poursuivis jusqu'au mois de septembre. "Nous continuerons à dénoncer ces massacres, considérés comme un crime d'Etat et crime de la République, jusqu'à ce qu'ils soient reconnus officiellement", a affirmé Le Cour Grandmaison qui était soutenu par un autre historien Gilles Manceron. L'association les 4ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis contre la guerre) a demandé à l'Etat français, outre la reconnaissance officielle des massacres perpétrés à Sétif, Guelma et Kherrata, l'ouverture de "toutes les archives concernant cette période, ainsi que celles de la guerre d'Algérie". "Aujourd'hui, il serait inexcusable de se taire, de faire comme si tout cela n'avait pas existé", a affirmé un des représentants de cette association dans une déclaration lue devant l'assistance, soulignant que "le peuple algérien et le peuple français sont faits pour s'entendre et se comprendre". La conseillère de Paris, élue du 20e arrondissement du Front gauche (FG), a demandé, au nom du Conseil de Paris, à la maire de Paris, Anne Hidalgo, d'interpeller François Hollande "afin que l'Etat français reconnaisse officiellement les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, décrète l'ouverture de toutes les archives relatives à ces terribles événements". Elle a émis le vœu que la maire de Paris s'engage à l'instauration d'un lieu de souvenir à la mémoire de celles et ceux qui furent assassinés, à définir avec les associations pour la reconnaissance de ces massacres comme ce fut le cas de 2001 pour le lieu de mémoire des victimes du 17 octobre 1961. Danielle Simonnet a rappelé, dans sa déclaration, que le 8 mai 1945 "de nombreux Algériens s'étaient tout d'abord rassemblés pacifiquement pour fêter l'armistice, mais aussi exiger la libération du dirigeant nationaliste Messali Hadj et défendre +l'Algérie libre+ pour laquelle ils avaient conçu un nouveau drapeau, symbole pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et pour l'indépendance". "Depuis soixante-dix ans, ces crimes de guerre commis par l'Etat et ceux qui le servaient, ne sont toujours pas reconnus officiellement et font partie intégrante de l'histoire de France", a-t-elle ajouté, soulignant que cette situation est, "inacceptable", car "elle ajoute à ces massacres l'outrage aux victimes, à leurs descendants et à leurs proches". A la fin du rassemblement, une gerbe de fleurs a été déposée et une minute de silence observée. Le Collectif unitaire pour la reconnaissance des crimes d'Etat de 1945 en Algérie avait demandé, rappelle-t-on, au président français d'aller "plus loin en disant la vérité sur les massacres du 8 mai 1945". Pour cette ONG, il est "impossible" de célébrer l'anniversaire de la victoire contre le fascisme "sans vouloir arracher à l'oubli ce qui s'est passé en Algérie ce même 8 mai et les jours suivants", rappelant que des manifestations pacifiques à Sétif, Guelma, Kherrata et dans la région ont été "réprimées dans le sang".