"La réponse du gouvernement espagnol à la tragédie des réfugiés est peut-être encore insuffisante" a déclaré jeudi à Madrid le ministre espagnol de la justice, Rafael Catala. Intervenant lors d'une table ronde organisée par le conseil général des avocats espagnols autour du thème "la crise des réfugiés en Europe", le ministre a indiqué que "l'exécutif respecte ses engagements internationaux puisque vers la mi-juin, l'Espagne aura accueilli quelques 586 réfugiés", a rapporté l'agence "Efe". "L'action du gouvernement a augmenté peut-être pas encore suffisamment mais elle est coordonnée, concertée et proportionnée à cette tragédie", a-t-il dit en soulignant par ailleurs "que le budget public alloué pour 2016 à cette crise a augmenté de 53 millions d'euros auxquels s'ajouteront 200 millions supplémentaires ce qui permettra à l'Espagne la relocalisation de 15.888 réfugiés et la réinstallation de 1449 autres". L'Espagne , a-t-il poursuivi, s'est engagée avec l'union européenne en septembre 2015 pour la relocalisation et la réinstallation de 16.000 personnes dans le besoin d'asile avant 2017 et pour honorer cet accord , 2.000 personnes devront être accueillis d'ici la fin de l'année". Il a rappelé qu'"au cours de l'année 2015 , le nombre de demandes de protection internationale était de 14.557 dont 5.000 sont des citoyens syriens soit une augmentation de 150 pc par rapport à 2014". Pour sa part, le président de la commission des relations internationales des avocats, Oriol Rusca, a souligné que "l'Europe n'a pas réussi à répondre à cette crise" avant d'avertir que "la mauvaise gestion de cette crise peut produire un effet boomerang de la haine et de la xénophobie dans les pays où devraient prévaloir les principes de solidarité, de responsabilité et d'être à côté des plus nécessiteux". "Nous avons honte d'appartenir à une Europe qui n'arrive pas à trouver des solutions pour les personnes qui souffrent", a-t-il également affirmé. La présidente du Conseil général du Barreau, Victoria Ortega a qualifié de son côté, de "honteux" la réaction de l'UE qui a "ignoré les droits des réfugiés". Tout en dénonçant l'accord avec la Turquie qui traite "les réfugiés comme des marchandises", victoria Ortega a mis en garde contre le danger pour l'Europe à "revenir au totalitarisme comme en témoigne la montée des partis xénophobes dans plusieurs pays". Elle a également annoncé la création d'un "registre d'avocats bénévoles qui devront conseiller les demandeurs d'asile". Un deuxième groupe de réfugiés comprenant 22 hommes érythréens est arrivé mercredi en Espagne provenant de l'Italie après celui de mardi provenant de la Grèce et composé de 20 syriens et irakiens. Ils font partie du total des 586 demandeurs d'asile que le ministère de l'Intérieur espagnol avait annoncé leurs réinstallation avant la fin du mois de juin prochain. Plusieurs organisations non gouvernementales telles que "Amnesty international" ou encore "Oxfam intermon" ont demandé dans plusieurs occasions le gouvernement espagnol et l'UE de venir en aide aux personnes demandant l'asile ou déplacées pour mettre fin à cette tragédie humaine. Dans une enquête récente, Amnesty international a indiqué que 97 % des espagnols sont favorables à l'accueil des réfugiés dans leur pays dont 18% se sont dit disposés à les accueillir dans leur domicile. Oxfam et le groupe musical britannique (coldplay) en tournée actuellement en Espagne veulent promouvoir, a rapporté la presse espagnole du jeudi, "l'accueil et l'aide aux réfugiés et les personnes déplacées par les conflits dont le nombre a augmenté de façon spectaculaire au cours de ces dernières années". Cette ONG a appelé le gouvernement espagnol et les partis politiques à retirer leur soutien à l'accord conclu avec la Turquie. L'Espagne a souligné Oxfam "devrait avoir un rôle plus actif pour mettre fin à la tragédie humanitaire qui se passe en Europe en partageant l'effort que font des pays comme la Jordanie et le Liban.