À la veille de la conférence-clé de l'Union européenne, à laquelle est conviée la Turquie à Bruxelles, le Haut-Commissariat de l'Onu aux réfugiés (HCR) essaie de mettre, lui aussi, la pression sur les dirigeants européens pour trouver une issue urgente à la crise des réfugiés. Tout en déplorant une "crise de la solidarité au niveau européen en même temps qu'une crise de réfugiés", le Haut-Commissaire Filippo Grandi a adressé un document résumant, en quelques points, une série de mesures urgentes que les Etats membres de l'UE peuvent adopter "pour gérer et stabiliser la situation des réfugiés", lit-on sur le site du HCR. M. Grandi prône, en premier lieu, la mise en œuvre, et "pleinement" de "l'approche des ‘centres d'enregistrement' et la relocalisation des demandeurs d'asile depuis la Grèce et l'Italie", et d'assurer "parallèlement le retour des personnes qui ne sont pas éligibles pour bénéficier de la protection accordée aux réfugiés, y compris en vertu d'accords existants pour la réadmission". Le patron du HCR a appelé à "renforcer le soutien à la Grèce pour gérer la situation d'urgence humanitaire dans ce pays, y compris pour la détermination du statut de réfugié, la relocalisation, le retour ou la réadmission" et à "assurer la conformité avec toutes les lois et directives européennes en matière d'asile entre les Etats membres". Le diplomate onusien estime aussi qu'il faut "mettre à disposition davantage de voies légales et plus sûres pour que les réfugiés puissent rejoindre l'Europe dans le cadre de programmes facilités", ajoutant qu'il faut également "protéger les personnes à risque (...) améliorer les opérations de recherche et de sauvetage en mer, sauver des vies humaines en luttant contre la traite d'êtres humains, la xénophobie et le racisme visant les réfugiés et les migrants". Hier encore, d'ailleurs, une vingtaine de réfugiés, dont dix enfants, ont péri en mer en tentant de rejoindre, via la Turquie, la Grèce. Les secouristes ont réussi à sauver quinze autres réfugiés, ont affirmé les gardes-côtes turcs. Fillipo Grandi, qui n'a pas manqué de souligner que "l'échec collectif pour mettre en œuvre les mesures convenues par les Etats membres de l'UE dans le passé a conduit à l'escalade actuelle de la crise", appelle à "développer à l'échelle européenne des systèmes de responsabilité envers les demandeurs d'asile, y compris par la création de centres d'enregistrement dans les principaux pays d'arrivée et la mise en place d'un système pour que les demandes d'asile soient distribuées de manière équitable entre les Etats membres de l'UE". Ce dernier point — quotas équitables de réfugiés — divise l'Europe en deux et met en péril la cohésion de l'Union européenne. Et rien n'indique qu'il sera résolu lors la réunion d'aujourd'hui. L. M.