Les chefs d'Etats et de gouvernement européens qui se réuniront, jeudi à Bruxelles, pour un nouveau sommet sur les migrants doivent examiner les progrès accomplis concernant les mesures opérationnelles, les engagements budgétaires et les actions de mise en œuvre du droit de l'UE proposés par la Commission et approuvés par les 28 dirigeants européens le 23 septembre dernier. Mercredi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a exhorté les Etats membres à fournir plus d'efforts, estimant que "les belles paroles doivent être suivies d'actions concrètes dans chaque Etat membre." "La Commission a respecté tous ses engagements. Nous avons alloué plus de fonds à la crise des réfugiés et notre budget rectificatif a déjà été adopté par les deux colégislateurs. Nous avons envoyé nos experts en Grèce et en Italie pour veiller au bon fonctionnement des centres de crise et du mécanisme de relocalisation, et exhorté tous les Etats membres à appliquer correctement le régime d'asile commun de l'UE", a-t-il déclaré. La Commission a déjà proposé des amendements à ses budgets 2015 et 2016 pour augmenter de 1,7ámilliard d'euros les ressources dédiées à la crise des réfugiés. La Commission dépensera donc au total 9,2ámilliards d'euros pour la crise des réfugiés en 2015 et 2016. Les Etats membres doivent à présent réaliser les dépenses nationales correspondantes, comme l'ont reconnu les chefs d'Etat et de gouvernement le 23 septembre dernier, a estimé la commission. Un grand nombre de pays membres doivent encore verser leurs contributions pour égaler le financement apporté par l'UE au HCR, au programme alimentaire mondial et autres organisations concernées (500ámillions d'euros). Des Fonds pour aider les pays d'origine et de transit La Commission a déploré le manque d'engagement des Etats dans deux autres instruments financiers qu'elle a mis sur pieds pour faire face à la crise migratoire. Il s'agit d'un fonds d'urgence pour aider les pays africains d'origine et de transit des réfugiés, doté de 1,8 milliard d'euros, et qui doit être complété du même montant par les Etats. Seuls le Luxembourg, l'Allemagne et l'Espagne ont pris des engagements, à hauteur de trois millions d'euros chacun, précise un document de la Commission. Un autre fonds, destiné aux pays voisins de la Syrie et doté de 500 millions d'euros par la Commission, n'a récolté pour l'instant que 8 millions d'euros de l'Allemagne et de l'Italie. Le sommet, prévu en début de soirée, va également débattre de la coopération que l'UE veut instaurer avec les pays de la "Route des Balkans", empruntée par les réfugiés, et avec l'Afrique. Un sommet qui réunira les pays africains et l'UE est prévue les 11 et 12 novembre à La Vallette (Malte). La coopération avec la Turquie, "devenue la porte d'entrée pour des centaines de milliers de réfugiés vers l'Europe", selon le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est aujourd'hui "plus que nécessaire" pour réduire le flux de migrants, ont estimé des responsables européens. La chancelière allemande, Angela Merkel, a soutenu jeudi devant les députés allemands à Berlin, que la solution passait par " un soutien renforcé à la Turquie", pays par lequel passent un grand nombre de migrants, estimant que l'UE doit aider la Turquie "à prendre soin des réfugiés" et à parvenir à "une meilleure surveillance des frontières maritimes" du pays avec la Grèce. Les dirigeants européens se pencheront, en outre, sur l'approche dite des points d'accès "hotspots" proposée par la Commission. Une mesure qui commence à porter ses fruits, selon la Commission qui souligne que les équipes d'appui à la gestion des flux migratoires sont complètement opérationnelles à Lampedusa (Italie) et sur le point d'être déployées en Grèce. Cette approche a permis d'organiser les premières relocalisationsáde demandeurs d'asile ainsi que les vols de retour des migrants en situation irrégulière qui ne bénéficient pas du droit de séjour dans l'Union européenne. Les premiers réfugiés syriens ont déjà été réinstallés en Italie, en République Tchèque et au Liechtenstein qui, en tant que pays associé à Schengen, participe au mécanisme. L'agenda européen en matière de migration élaboré en mai par la Commission a souligné la nécessité de mettre en place une approche globale de la gestion des migrations. Depuis, un certain nombre de mesures ont été prises, notamment l'adoption de deux programmes d'urgence visant à relocaliser 160á000 personnes ayant besoin d'une protection internationale, au départ des Etats membres les plus touchés vers d'autres Etats membres de l'UE, et l'approbation du plan d'action de la Commission en matière de retour.