Le contenu détaillé du nouveau modèle de croissance économique, annoncé par le gouvernement depuis plusieurs mois, devra être dévoilé lors de la réunion de la tripartite (gouvernement, patronat et syndicat), prévue pour dimanche prochain à Alger. Le concept d'un modèle économique avait été introduit en 2012 par le Conseil national économique et social (Cnes) avant même la baisse des prix du pétrole qui s'était déclenchée à la mi-2014, explique à l'APS l'expert économique et vice-président du Cnes, Mustapha Mekideche. Le modèle tel qu'il avait été perçu par le Cnes, précise-t-il, est basé sur six fondamentaux: la ré-industrialisation, la rigueur budgétaire, la liquidation progressive des rentes et des activités informelles, la mise à plat du système des subventions, l'amélioration du climat des affaires et l'émergence d'un secteur privé national productif. Selon M. Mekideche, l'essentiel de ces fondamentaux a été pris en considération par le Comité de rédaction du texte portant sur le modèle économique de croissance et endossé par les pouvoirs publics. "Nous voyons bien que la résilience dont a fait preuve l'économie algérienne sous l'empire de l'ancien modèle économique arrive, progressivement, à son extinction. L'essentiel, à présent, est dans la mise en œuvre effective de ce nouveau modèle car le temps nous est compté", avise-t-il. En effet, prévient cet expert, les enjeux de la prochaine tripartite sont "existentiels" pour le pays et que "toute sous-estimation de l'ampleur et de la durée de la crise relève de l'irresponsabilité" surtout que les prévisions d'une remontée des cours autour de 70 à 80 dollars pour la fin 2016 ne relèvent, pour sa part, que de "spéculations non fondées". Pour un marché de l'emploi plus flexible Pour sa part, l'économiste Mohamed Chérif Belmihoub propose d'articuler le nouveau modèle économique autour de deux grands objectifs. "Nous sommes dans une situation de crise, et dans une telle situation, un modèle économique, ou plutôt une politique économique, doit viser deux objectifs principaux: une stabilisation financière par la rationalisation des dépenses et la maîtrise de la dérive du taux de change du dinar, et une dynamisation de la production nationale", indique-t-il à l'APS. M. Belmihoub préconise, à ce titre, des propositions qui devraient former, selon lui, les grandes lignes d'une politique économique de sortie de crise. Il prône, tout d'abord, la limitation du déficit budgétaire à un certain niveau en rationalisant la dépense et en cherchant d'autres sources de financement, tout en maîtrisant l'inflation et en évitant une détérioration continue de la balance commerciale. Si les dépenses destinées à garantir le service public de l'Etat doivent être maintenues, cet universitaire suggère, en même temps, de contenir les "dépenses de prestige". Sur le plan monétaire, il relève la nécessité de freiner la dévaluation continue de la monnaie nationale: "Notre économie n'est pas compétitive, et si nous poursuivons cette dévaluation du dinar, nous allons encore réduire cette compétitivité car notre production, qui dépend des matières premières importées, sera plus chère". Quant à la mise en place d'une industrie performante, elle devrait passer par une liberté totale de l'investissement productif mais accompagnée de contrats de performance exigeant de l'investisseur la réalisation d'un certain nombre d'objectifs en contrepartie des facilitations accordées, insiste-t-il. Cet économiste recommande aussi une flexibilisation du marché de l'emploi: "Il faut permettre aux entreprises de recruter pour trois mois, pour six mois, une année. Car si l'on continue à leur imposer des contrats indéterminés, elles iront vers l'informel et c'est l'économie qui en sera la perdante".