Des centaines de milliers d'Algériens ont été torturés durant la guerre de libération nationale, a affirmé Henri Pouillot, auteur du livre témoignage "Torture en Algérie, Un appelé parle", estimant que la pratique de la torture est l'un des crimes contre l'humanité parmi "les plus odieux". Réagissant à un sondage des Français sur la torture, publié par l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), dans lequel 36% des sondés acceptent le recours à la torture, Henri Pouillot a rappelé sa "triste expérience", en tant qu'appelé de contingent, à la Villa Susini (Alger), "qui fonctionna pendant toute la période du conflit en centre de tortures". "En Algérie, ce sont des centaines de milliers d'Algériens qui y ont été soumis. Ceux qui ont l'intention de commettre un attentat ont pris délibérément le risque de mourir, et il est rare qu'ils vont parler lors d'un tel interrogatoire, parce qu'ils savent que, généralement, ils seront exécutés, sans même de procès, et que leur meilleure chance de s'en sortir vivants est de pouvoir résister, sans rien dire", a-t-il écrit dans son blog (http://www.henri-pouillot.fr). Institutionnalisée à grande échelle par le général Massu, la pratique de la torture pendant la guerre de libération a été également, selon lui, "l'héritage de Jean-Marie Le Pen". "Il faut se souvenir qu'en 1956, jeune député poujadiste, il démissionna de son mandat pour aller ‘casser du bougnoule' selon son expression d'alors. Il reprit alors son uniforme de lieutenant parachutiste et fut le responsable de la Villa Susini, où selon la légende, il fit disparaître des corps de torturés dans des cuves d'acide", a encore témoigné, dans une chronique publiée également par Médiapart, ce militant qui se bat pour toute la lumière soit faite sur l'assassinat de Maurice Audin. Il a précisé que sur les milliers d'Algériens qu'il a vu défiler à la Villa Susini, "99,9% étaient totalement innocents", relevant qu'"ils avaient eu la malchance de se trouver au mauvais moment, au mauvais endroit". Pour rappel, au procès qu'il intenta au journal Le Monde en 2002, Jean-Marie Le Pen avait affirmé être "très fier" pour ses "exploits" en Algérie. Henri Pouillot, pour qui la torture n'a qu'un "avantage", "c'est l'humiliation du torturé, et son rejet probable vers la cause pour laquelle il est suspecté être favorable", a estimé qu'il serait temps que "François Hollande complète son communiqué de juin 2014 relatif à la disparition de Maurice Audin". "Certes il a reconnu officiellement que le jeune mathématicien, torturé, ne s'était pas évadé mais était mort en détention, et cela en fonction de témoignages et documents concordants", a-t-il dit en s'interrogeant : "Comment est-il mort, à 25 ans, en détention ? Qu'est devenu son corps ? Quand connaîtrons-nous ces éléments ?".