L'ONG américaine Human Rights Watch (HRW) a dénoncé lundi l'exploitation des milliers d'enfants comme domestiques au Maroc, en appelant à renforcer la protection sociale des mineurs dans ce pays. Citant deux enquêtes qu'elle avait réalisé sur le travail des enfants au Maroc en 2005 et 2012, HRW relève que "des jeunes filles âgées de huit ans à peine endurent des sévices physiques et travaillent de longues heures pour un maigre salaire." Des filles exploitées et maltraitées ont affirmé à Human Rights Watch que leurs employeurs les battaient et insultaient fréquemment, les privaient d'éducation et leur refusaient des repas suffisants. "Certains enfants travaillent dur pendant 12 heures par jour, 7 jours par semaine pour des sommes aussi minimes que 11 dollars par mois", s'indigne l'ONG américaine. Le salaire moyen des filles interrogés était de 545 dirhams par mois (61 dollars) ce qui représente moins du quart du salaire mensuel minimum requis dans le secteur industriel au Maroc. L'étude réalisée en 2005 par HRW sur le travail des enfants au Maroc a été suivie d'une autre enquête de suivi en 2012 qui s'est appuyée sur des recherches menées à Casablanca, Rabat, Marrakech et dans les environs d'Imintanoute dans la province de Chichaoua. La plupart des filles interrogées par HRW provenaient de régions rurales pauvres. Les intermédiaires qui recrutent ces enfants pour travailler dans les grandes villes font souvent des promesses trompeuses au sujet de leurs conditions de travail. HRW a appelé le Maroc à veiller à l'application de la loi relative aux conditions de travail des employés de maison, adoptée dernièrement par le parlement marocain en lui suggérant de mener une campagne de sensibilisation pour faire connaître ce nouveau dispositif. L'ONG a recommandé au Maroc de renforcer les missions des inspecteurs de travail afin de faciliter les inspections sur le travail des enfants et sanctionner les employeurs qui enfreignent les dispositions de la loi. Pour rappel cette loi présentée par le ministre de l'emploi Abdeslam Seddiki autorisant le travail des enfants dés 16 ans a été largement critiquée au Maroc notamment par les organisations de protection de l'enfance, la considérant comme un acte de discrimination à l'égard d'une population vulnérable. Les débats qui ont suivi ce projet de loi ont conduit à la publication d'une lettre ouverte des Fonds des Nations Unies pour l'enfance (Unicef) en février 2016, adressée aux parlementaires marocains pour fixer l'age minimal des travailleurs domestiques à 18 ans. Les opposants à cette loi, adoptée le 26 juin dernier par le parlement marocain et devant entrer en vigueur une année après sa publication dans le journal officiel, ont dénoncé l'absence du cadre juridique pour les inspecteurs de travail et pour les assistantes sociales qui rend impossible l'accès aux maisons pour faciliter les contrôles.