Le médiateur de l'ONU au Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed a appelé à la protection de la population dans ce pays qui traverse une grave crise humanitaire et une "escalade dangereuse", insistant sur la cessation des hostilités afin de reprendre des négociations autour d'un nouveau plan de paix. A l'occasion d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée au Yémen, M. Ould Cheikh a indiqué mercredi que depuis l'échec des pourparlers de paix qui se sont tenus au Koweït, des affrontements militaires nourris ont été signalés dans les gouvernorats de Sanaa, de Taez, d'Al Jawf, de Shabwa et de Marib et le long de la frontière avec l'Arabie saoudite, précisant que de nombreuses violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme avaient accompagné la reprise des hostilités. L'envoyé spécial a ainsi condamné l'attaque commise contre un hôpital rural à Hajjah et la détention sans motifs d'au moins 60 membres de la communauté Baha'ie de Sanaa. "Cela démontre un irrespect flagrant pour les droits de l'homme et les minorités", a-t-il déploré, avant d'appeler toutes les parties à s'acquitter de leurs obligations au regard du droit international. Il a estimé que l'escalade militaire était propice au développement des activités terroristes d'Al-Qaïda et de l'organisation autoproclamée "Etat islamique" (Daech/EI) rappelant l'attaque-suicide du lundi dernier à Aden qui a tué et blessé des dizaines de Yéménites. Dans son exposé sur la crise humanitaire que traverse le Yémen, M. Ould Cheikh a précisé que le nombre de personnes déplacées s'élevait désormais à plus de trois millions et que les prix des denrées alimentaires avaient augmenté d'au moins 60% depuis le début de la crise. "Malgré les besoins grandissants, il devient de plus en plus difficile pour les agences humanitaires de se rendre dans de nombreuses zones du pays", a-t-il dit, en déplorant que le plan de réponse humanitaire pour le Yémen ne soit pour l'instant financé qu'à hauteur de 28%. L'ONU appelle à la cessation des hostilités pour la reprise des négociations S'adressant au Conseil de sécurité de l'ONU, le médiateur a aussi enjoint les protagonistes du conflit à "s'abstenir de toute nouvelle action unilatérale" menaçant la paix. Il a vivement critiqué la création par les rebelles et leurs alliés d'un Conseil politique suprême pour diriger le pays. "Afin d'accélérer la reprise des pourparlers, le retour à une cessation des hostilités sera essentiel", a-t-il affirmé. "Au moment où je reprends mes consultations, ma priorité sera d'obtenir un engagement renouvelé de toutes les parties pour une cessation des hostilités". Il faut, a-t-il préconisé, "commencer par déployer totalement le Comité de désescalade et de coordination à Dharan al-Janoub", dans le sud-ouest de l'Arabie saoudite, près de la frontière avec le Yémen, comme cela avait été décidé avant les pourparlers de Koweït. Ce comité était censé superviser une trêve instaurée en avril mais qui a volé en éclats. Les négociations au Koweït ont pris fin le 6 août sans accord et les combats et bombardements ont depuis redoublé d'intensité. La nouvelle trêve, a précisé le médiateur, devra marquer "la fin de toutes les opérations militaires terrestres, aériennes et navales" ainsi qu'une "désescalade complète le long de la frontière du Yémen avec l'Arabie saoudite". Le retour à une nouvelle trêve dans ce pays était "essentielle" pour espérer reprendre des négociations autour d'un nouveau plan de paix. Le Yémen est déchiré par le conflit qui oppose des rebelles houthis, alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, aux forces gouvernementales loyales à l'actuel président Abd Rabbo Mansour Hadi soutenues par une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite. Le conflit qui a généré une grave crise humanitaire a fait plus de 6.000 morts et déplacé au moins trois millions de Yéménites.