Une rencontre nationale de restitution des résultats des registres du cancer en Algérie se tiendra la semaine prochaine à Alger, a révélé mercredi le professeur Messaoud Zitouni, chargé du Plan national anti-cancer . Intervenant sur les ondes de la radio nationale, le Pr Zitouni a précisé que la restitution des résultats des registres, dont le processus a été entamé depuis une année par des spécialistes, permettra d'avoir des données chiffrées précises et actualisées sur l'incidence de cette lourde pathologie en Algérie. Il rappellera que les estimations actuelles font état de quelques 50.000, voire de 53.000 nouveaux cas recensés chaque année en Algérie, notant que le pays dispose des "meilleurs registres du cancer de la région ou des pays d'équivalence socio-économique". "Grâce au plan anti-cancer, les spécialistes ont commencé à travailler en réseau", a ajouté l'hôte de la radio, estimant que la phase d'application dudit plan, entamée depuis six (6) mois est "la plus cruciale". Se félicitant que celle-ci soit "en très bonne voie grâce à l'engagement continu et pérenne des plus hautes autorités du pays", il a argué, à ce propos, des réalisations " encourageantes" inhérentes à la prise en charge radio thérapeutique des malades ainsi qu'à la formation de généralistes, en charge de coordonner les thérapies anti-cancer. Soulignant qu'un budget de 200 milliards de dinars a été mobilisé pour financer le Plan quinquennal anti-cancer (2015-2019), il a estimé qu'il s'agit d'un montant qui "risque d'augmenter" en raison notamment de la multiplication du nombre de personnes atteintes par cette lourde pathologie. Une courbe mondiale constatée depuis une cinquantaine d'années, en raison du vieillissement de la population, du changement des modes de vie et de la complexité de la maladie, a-t-il explicité. S'agissant des nouveaux comportements liés à la consommation, le Pr Zitouni a mis en garde contre les méfaits du tabac et des mauvaises habitudes alimentaires, à l'origine de plusieurs types de cancer. Ceux du cancer du sein et du colo-rectum ayant connu une évolution "explosive", en raison précisément de l'alimentation malsaine, a-t-il observé. Aussi, a-t-il insisté sur la "nécessité incontournable" de mener des actions de prévention et de dépistage autant pour réduire la lourdeur des traitements que la facture des médicaments anti-cancer. Les moyens nécessaires s'imposent pour une exploitation optimale des registres du cancer ALGER- Les moyens nécessaires s'imposent pour garantir une exploitation optimale des registres du cancer à travers le territoire national, a souligné Pr. Doudja Hamouda, chercheur à l'Institut national de la santé publique (INSP). Dans une déclaration à l'APS à l'occasion du mois d'"Octobre rose" institué par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la sensibilisation et la lutte contre le cancer du sein, Pr. Hamouda a souligné que les moyens nécessaires s'imposaient pour garantir une exploitation optimale des registres du cancer et en vue de définir la véritable moyenne de propagation du cancer au sein de la société algérienne. En 2014, le registre national de recensement, de suivi et de prise en charge du cancer a été mis en place dans 48 wilayas alors qu'il était, auparavant, disponible dans quelques wilayas seulement dont les données ne permettaient pas d'effectuer une étude sur la véritable situation épidémiologique du cancer. Citant l'atelier organisé, la semaine dernière, par l'INSP sur les registres du cancer des 13 wilayas du centre qui comptent 14 millions d'habitants, Pr. Hamouda a souligné que cette nouvelle organisation des registres du cancer avait établi une couverture de 70 % dans 10 wilayas du centre, rappelant qu'un autre atelier est prévu le 24 octobre en cours regroupant 48 wilayas du pays. Cet atelier, qui sera préparé par les décideurs, permettra aux techniciens d'exprimer leurs préoccupations et de déterminer les moyens nécessaires pour gérer et organiser l'exploitation des registres du cancer et les doter de moyens humains pour une exploitation optimale des données collectées sur la propagation de la maladie. L'intervenante a déploré l'absence d'un réseau de collecte et d'exploitation des données entre les wilayas et le manque de moyens de certaines pour effectuer cette opération, rappelant que 60 % des malades s'étaient déplacés en 2015 à Alger, Blida et Tizi Ouzou pour des soins. Concernant la situation épidémiologique du cancer en Algérie, la spécialiste a tenu à préciser que les informations reprises par certains médias ne reflétaient pas la véritable situation du pays. La moyenne d'âge qui est passée en Algérie à 76 ans fait que la catégorie des personnes âgées de 60 ans et plus soit la plus exposée aux maladies chroniques ce qui est "normal" dans ces cas, selon Pr. Hamouda.