Désertée pendant la dernière décennie, la forêt de Guerrouche, surplombant les hauteurs de Jijel, connait progressivement un retour à la vie, à la faveur d'une excellente situation sécuritaire qui redonne assurément espoir aux populations d'y retourner vaquer à leurs occupations, a-t-on constaté. De spectacle de désolation comme en témoignent les stigmates sur des bâtisses délabrées et abandonnées, jouxtant les axes routiers entre la commune de Selma et cette immense espace boisé offrant des vues magnifiques, la vie a commencé à reprendre avec un début de retour de citoyens pour investir les lieux. "Avec la sécurité assurée par l'ANP (Armée nationale populaire), nous sommes là pour travailler la terre, élever du bétail, développer l'apiculture, et toutes les activités en relation avec le milieu forestier", ont affirmé à l'APS des riverains lors d'une visite des autorités de la wilaya, venues s'enquérir des conditions de vie des citoyens de cette région forestière et des possibilités de relancer des programmes de développement à même d'encourager le retour et de stabiliser ces populations. Ces "pionniers" qui saluent l'Armée dont la présence est hautement appréciée espèrent amorcer le retour d'autres populations pour occuper les lieux, laissés en friche, pendant plusieurs années. Un programme d'habitat rural pour dynamiser la région forestière Tout comme la terre, la forêt est aussi nourricière de par ses richesses naturelles, biologiques et économiques en plus de ses fonctions sociales et culturelles. La sécurité et la sérénité restent la condition sine qua non et un préalable pour toute action de développement, voire d'existence, soulignent à l'unanimité les riverains. Le Conservateur des forêts, Smain Kedia, a dévoilé les grandes actions à entreprendre à court, moyen et long termes pour amorcer cette opération de retour des citoyens en milieu forestier. Il a cité l'octroi d'arbres fruitiers (olivier rustique) qui s'adaptent bien dans cet écosystème, le lancement d'une opération d'aménagement de sentiers et voies de communication, le nettoyage et l'épierrage des ces pistes forestières, la réfection des ouvrages d'art, auquel il faut ajouter un programme d'action sociale (gabionnage) des sites menacées d'éboulement ou d'érosion par l'effet des eaux de pluie. Le bois mort sera donné à titre symbolique aux riverains pour en faire du charbon ou des travaux d'artisanat, a encore indiqué M. Kedia, rappelant que l'objectif table, dans une première phase, sur une cinquantaine de ménages. Le programme d'habitat rural, a-t-il fait remarquer, créera une nouvelle dynamique dans cet espace boisé encore bien conservé et célèbre pas ses essences de chêne-liège, chêne zéen et afarès. La direction des services agricoles (DSA) £uvre également à apporter son accompagnement technique dans les différentes filières, en relation avec cette zone forestier, a indiqué Abdelmadjid Chenafi, directeur local des Services agricoles, précisant que cette intervention concernera les plantations oléicoles, l'arboriculture, l'apiculture, l'irrigation, le forage et fonçage des puits, l'aménagement des étables et poulaillers. Il a, dans ce contexte, lancé un appel aux populations sur place, intéressées par le programme de soutien de l'Etat, à se présenter à la subdivision agricole d'El Aouana pour finaliser leurs dossiers. Il a ajouté que les candidats à ce programme sont éligibles à bénéficier du crédit Etahadi pour des investissements à court, moyen et long terme, pour des projets de construction ou d'achat de cheptel, acquisition d'équipements ou de matériels agricoles. Le volet de la formation des agriculteurs et fils d'agriculteurs pour l'ensemble des filières est également pris en charge par la DSA, a encore affirmé M. Chenafi. A travers la wilaya de Jijel, durement éprouvée par les affres de la dernière décennie, plusieurs opérations de développement à même de favoriser le retour des populations à leurs localités d'origine ont été lancées et ces actions multiformes visaient à inciter les populations à rejoindre, à la faveur du recouvrement de la paix et de la sérénité, les zones et les régions qu'elles avaient désertées lors de la tragédie nationale. A Selma, commune forestière et montagneuse juchée à 941 m d'altitude par rapport au niveau de la mer, tout comme à Erraguène-Souici, relevant de la daïra de Ziama Mansouriah, les signes du retour à la vie sont palpables à la lumière de ces actions, inscrites au titre des programmes communaux de développement et sectoriels (PCD-PSD) qui ont "poussé" lentement mais sûrement pour donner leur fruit sur le terrain, à l'ombre de la sécurité, de la sérénité et de la quiétude retrouvées après une longue absence, affirment à l'unanimité les habitants de ces régions.