La cantatrice algérienne de musique andalouse, Lila Borsali a animé, jeudi soir à Alger, un concert lyrique mêlant les lectures poétiques d'un conte fantastique américain et des chants hispaniques au chant du patrimoine andalou. Accueilli au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi, le récital andalou "Il était une fois à à Grenade" a été alterné de lectures d'extraits de l'œuvre "Les Contes de l'Alhambra" (1832), de l'Américain Washington Irving (1783-1859) et de chansons de l'album "cronicas Grenadinas" (1978) de l'Espagnol Carlos Cano (1946- 2000), racontant la chute de Grenade. Durant plus d'une heure et demie de temps, le nombreux public présent dans la salle Mustapha Kateb du TNA a pu prendre part à un voyage onirique décliné en quatre parties par Lila Borsali et les huit musiciens de son orchestre dirigé par Leila El Kébir au violon. Dans cette fusion prolifique des genres, la cantatrice, à la voix suave, entend établir des "passerelles d'échange intéressants" en restituant, dans des situations multiples, "un ressenti identique", se gardant, a t-elle précisé, de toute idée de "relater des faits historiques". "Les extraits littéraires ou chantés en espagnol et les pièces présentées de notre patrimoine andalou restituent, dans des contextes différents, les mêmes émotions de chagrin, de mélancolie, d'amour et de liberté", explique la chanteuse. Conteuse et cantatrice, Lila Borsali préludait ses chansons par des lectures progressivement soutenues par des "istikhbars" rendus par les différents musiciens qui ont donné à leurs instruments un rôle de second narrateur, interprétant des modes différents, dans des atmosphères conviviales. Le premier extrait lu, "La chute de Grenade" a été suivie, entre autres chansons, de "Assafi aâla ma madha" et " La casida del rey", alors que le texte "Conte d'Ahmed, le pèlerin de l'amour" a été illustré en chanson avec, en partie, "En Granada" et "Ana ichqati fi soltane ". Le troisième volet du spectacle a consisté en la lecture de l'extrait "Le conte des trois princesses" mis en scène dans sept pièces chantées dont "Ya qalbi khelli el hal" et "Selli houmoumek". Un bel hommage à la parole et à la poésie, rendu dans une dernière lecture, a clos le récital, auréolé d'autres pièces du riche patrimoine andalou, à l'instar de "Mahla dhikrak" ou "Qoudoum El habib". Dotée de présence scénique et d'une tessiture large, la cantatrice et ses musiciens ont fait montre de toute l'étendue de leurs talents, dans un récital empreint de maîtrise technique et de professionnalisme. Le public, savourant chaque instant du spectacle dans l'allégresse et la volupté a vécu une expérience inhabituelle, mise au point par Lila Borsali qui s'investit dans la recherche en quête de nouveautés dans la forme et le contenu de ses spectacles. Lila Borsali compte quatre albums à son actif, "Fraq Lahbab", "Noubet Rasd Ed'dhil", "Noubet Leghrib" et "Noubet Hosn Es-Selim".