La campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain qui débute dimanche sera marquée, au-delà de la diversité des programmes des partis politiques, par une convergence sur la nécessité d'une participation massive des électeurs à ce scrutin, afin de consolider la stabilité de l'Algérie et ses institutions et la prémunir des effets des crises politiques et sécuritaires qui secouent des pays de son environnement immédiat. Les candidats figurant sur près d'un millier de listes de 50 partis politiques ou réunis à titre d'indépendants s'emploieront durant trois semaines à convaincre les électrices et les électeurs de la pertinence de leurs programmes, en organisant des meetings populaires, des rencontres de proximité ou par une approche interactive sur les réseaux sociaux, afin de gagner leur confiance et les représenter, durant les cinq prochaines années, au sein de l'institution législative. Parmi les missions essentielles qui attendent la prochaine Assemblée, il y a celle d'accompagner le gouvernement dans l'effort de diversification de l'économie, une économie libérée de la dépendance aux hydrocarbures. Lors de sa visite de travail le 1er avril à El Oued, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a affirmé que les législatives seront "le couronnement du processus de consolidation de la stabilité du pays et de son choix démocratique", rappelant qu'elles "seront organisées conformément aux nouvelles dispositions constitutionnelles avec des garanties de régularité et de transparence". Les médias tenus d'assurer une couverture impartiale de la campagne électorale Le ministère de la Communication a adressé récemment deux chartes aux médias, leur rappelant les règles d'éthique professionnelle. La couverture médiatique des élections législatives "nécessite, de la part de l'ensemble des médias, le suivi d'une ligne éditoriale équitable, impartiale et objective et un sens aigu des responsabilités", soulignent ces documents, qui rappellent, notamment, que "tous les partis ou candidats ont le droit d'accès direct aux médias sur une base équitable et non discriminatoire", conformément aux dispositions de la loi organique relative au régime électoral. L`Autorité de régulation de l`audiovisuel (ARAV) a, dans ce cadre, mis en place une cellule pour veiller à l`impartialité de la couverture par les chaînes de télévision publiques et privées de la campagne des législatives. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aissa, a indiqué, de son côté, que son département avait enjoint à toutes les directions de wilaya de veiller à ce que les mosquées "ne soient pas impliquées" dans la campagne pour les législatives. "Les lieux de culte doivent rester neutres", a-t-il insisté, appelant les imams à respecter les lois de la République et les règles éthiques et à observer une "totale neutralité" vis à vis de la campagne électorale. Les partis appellent à un vote massif pour un parlement fort Pour les partis politiques, ces élections sont cruciales. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a affirmé que la participation de sa formation aux législatives vise à "reconstruire les rapports de forces qui assurent l'avenir du pays et préserveront les acquis de l'Etat". Le parti du Front de libération nationale (FLN) a appelé à une "forte" participation le 4 mai pour "préserver les acquis, notamment la paix et la stabilité". "La participation aux prochaines législatives doit dépasser les 50% car une forte participation permettra de préserver les acquis, notamment la paix et la stabilité réalisées grâce au programme du président de la République", a déclaré le secrétaire général, Djamel Ould Abbes. Ali Laskri, membre de l'instance présidentiel du Front des forces socialistes (FFS, plus vieux parti d'opposition), a souligné que son parti voulait faire des élections législatives "une étape dans le processus de reconstruction du consensus national dans l'objectif de créer les conditions d'un changement pacifique et démocratique". Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a appelé les citoyens à voter massivement "pour la stabilité du pays, la poursuite de l'effort de développement dans les différents domaines et la formation d'un parlement fort qui réponde aux attentes et objectifs de la Nation". Une participation massive "garantira la crédibilité des prochaines élections et dissuadera toute velléité de porter atteinte à l'opération électorale par la fraude ou toute forme d'influence des électeurs", a soutenu, pour sa part, le président du mouvement El Islah, Filali Ghouini. Mohamed Douibi, secrétaire général du parti Nahda (qui a formé une alliance au sein du courant dit islamiste avec le FJD et El Binaa), abonde dans le même sens. "Participez avec force et détermination à ces élections, car nous voulons que la vie politique en Algérie soit fondée sur la volonté libre des citoyens", a-t-il proclamé. Une autre alliance, du même courant, constituée par Abderrazak Mokri, président du Mouvement de la société de la paix (MSP), et Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement (FC), a appelé à la "mobilisation" pour réussir ce rendez-vous électoral et "opérer le changement démocratique et préserver la sécurité et la stabilité du pays". Le secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, a mis en garde contre "le boycott des prochaines élections auquel appellent des responsables de partis de l'opposition. "Ce n'est pas une solution. Bien au contraire, il compliquera la situation politique, économique et sociale. La solution en démocratie est le vote", a-t-il argué. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, a indiqué que tout est "fin prêt" pour le lancement de la campagne électorale, précisant que 4.734 espaces seront dédiés à l'animation des meetings. Le nombre d'électeurs concernés par les législatives, à l'issue de la révision exceptionnelle des listes électorales, est de 23.251.503 électeurs, dont 45,85% sont des femmes. Plus de 53.000 bureaux de vote, dont 390 pour la communauté nationale établie à l'étranger et 166 bureaux itinérants, ainsi que 500.000 encadreurs ont été mobilisés pour l'organisation des élections. La nouvelle loi organique relative au régime électoral, adoptée par le Parlement en 2016, garantit aux partis politiques le droit de se faire représenter aussi bien dans les bureaux de vote qu'au niveau des commissions électorales communales et celles des wilayas. Leurs représentants peuvent également assister au dépouillement des bulletins de vote et obtenir une copie du procès-verbal. Le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelouahab Derbal, a indiqué que plus de 300 observateurs de l'Union africaine (UA), de la Ligue des Etats arabes, de l'Organisation de la Coopération islamique (OCI) et de l'Union européenne (UE) suivront le déroulement des élections.