L'intergroupe sur le Sahara occidental au Parlement européen a remis mercredi une lettre au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, pour rappeler à la communauté internationale, particulièrement, à l'ONU son devoir de garantir et de préserver les droits du peuple sahraoui, notamment son droit inaliénable à l'autodétermination, a annoncé le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati. "La présidente de l'intergroupe Jytte Guteland a remis une lettre au SG de l'ONU, Antonio Guterres pour demander la mise en œuvre des résolutions de l'ONU en vue de parachever le processus de décolonisation au Sahara occidental et permettre au peuple sahraoui d'exercer son plein droit à l'autodétermination", a-t-il indiqué à l'APS. Le secrétaire général des Nations unies était mercredi à Strasbourg où il s'est adressé à la session plénière du Parlement européen suite à l'invitation du président de l'institution, Antonio Tajani. Fin avril, les quinze pays membres du Conseil de sécurité ont adopté à l'unanimité une résolution prolongeant jusqu'au 30 avril 2018 le mandat de la mission de maintien de la paix de l'ONU au Sahara occidental (Minurso). Dans cette résolution, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont également réaffirmé leur soutien à une reprise de négociations de paix pour ce conflit au Sahara occidental vieux de plusieurs décennies. La résolution de l'ONU appuie une initiative de son Secrétaire général, Antonio Guterres, qui devra présenter un rapport dans les 30 jours, pour relancer des pourparlers de paix. Elle appelle également les deux parties au conflit à "montrer une volonté politique et travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin de reprendre les négociations". L'ONU avait ouvert en 2007 des négociations entre le Maroc et le Front Polisario dont la dernière session s'est tenue en 2012. Cette action de l'intergroupe s'inscrit, selon M. Sidati, dans le cadre d'une série de mesures débattues lors de la réunion tenue mardi à Strasbourg et visant à amener la communauté internationale, notamment l'UE et ses institutions à respecter l'arrêt de la Cour européenne de justice (CJUE) qui a conclu le 21 décembre dernier que les accords d'association et de libéralisation UE-Maroc ne s'appliquent pas au Sahara occidental. Sidati dénonce les manœuvres visant à permettre la poursuite de l'occupation Dans une lettre adressée à la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, le ministre sahraoui délégué pour l'Europe a mis en garde contre toute volonté de contourner les dispositions de la décision de la CJUE, dénonçant les manoeuvres visant à permettre la poursuite de l'occupation du Sahara occidental et des "opérations de rapine" et du "pillage continue", qualifiant ces actes de "brigandage international". Il a rappelé, à ce titre, que la Cour européenne de justice a exclu définitivement le Sahara occidental du champ d'application des accords UE-Maroc, réaffirmant la souveraineté permanente du peuple sahraoui, notamment sur ses ressources naturelles que nulle personne ne peut exploiter sans son consentement. Un consentement, a-t-il poursuivi, que seul le Front Polisario, déclaré représentant légitime du peuple du Sahara occidental par l'ONU, peut donner avant que ce peuple se soit autodéterminé. L'observatoire des ressources naturelles au Sahara occidental (WSRW) a révélé, il y a quelques jours, que la Commission européenne a demandé aux Etats membres de l'UE un mandat pour réexaminer l'accord de libéralisation avec le Maroc afin d'inclure des produits provenant des territoires occupés du Sahara Occidental. "Toute violation de la décision de la CJUE remettra en cause les engagements de l'UE en matière de droit, de justice et d'une solution négociée durable au Sahara Occidental", a-t-il estimé. Mohamed Sidati a rappelé dans sa lettre que l'argumentaire de la décision de la CJUE reprend toutes les dispositions pertinentes de l'ONU, notamment le droit du peuple sahraoui à disposer de lui-même et le principe de sa souveraineté permanente sur ses ressources naturelles, ainsi que celle de la Cour internationale de justice (CIJ) selon lesquelles le Maroc n'a aucune souveraineté sur le Sahara occidental. Par ailleurs, le ministre sahraoui a exprimé son étonnement de voir l'UE considérer le Maroc comme un partenaire de la politique de l'Union pour les migrants et les réfugiés, alors que des centaines de milliers de Sahraouis ont été contraints à fuir le Sahara occidental en raison de l'occupation du territoire par le Maroc. Mais également en raison des traitements inhumains qui leurs sont réservés par les autorités marocaines d'occupation, tel que documenté par le Haut-Commissaire pour les droits de l'homme dans le rapport le plus récent du Secrétaire général de l'ONU au Conseil de sécurité.