PORT ELIZABETH (Afrique du Sud) - La Haute Cour de Port Elizabeth en Afrique du Sud a conclu jeudi que l'arraisonnement du navire NM Cherry Blossom transportant une cargaison de phosphate était "légitime" et qu'un procès pour déterminer la propriété de la cargaison doit avoir lieu. Les juges près la Cour ont statué que l'"arraisonnement du NM Cherry Blossom affrété par le groupe OCP marocain, le 1er mai 2017 était correcte". Le phosphate transporté par le navire arraisonné en Afrique du Sud le 1er mai en provenance du Sahara occidental était destiné à l'importateur néo-zélandais Ballance-Agri-Nutrients. La cargaison a été estimée à 54 000 tonnes d'une valeur de 7 millions de dollars. Le 18 mai dernier, une audience préliminaire avait eu lieu au niveau de la même juridiction afin d'interroger les parties. A présent, l'instance juridique sud-africaine se penche sur la détermination de la propriété de la cargaison, objet d'une seconde bataille judicaire lancée par le Front Polisario. Le peuple du Sahara occidental a ainsi franchi le premier obstacle dans le processus légal destiné à valider leur propriété d'une cargaison de phosphate que le Maroc a essayé d'exporter du territoire qu'il maintient sous occupation. "Le jugement de la Cour de justice européenne (CJUE) est clair : le Maroc ne jouit d'aucune souveraineté sur le Sahara occidental. Sa revendication résultant de son occupation du territoire est incompatible avec le statut de territoire non autonome du Sahara occidental. De plus, il a acquis le contrôle du territoire par la force. Ceci, comme moyen d'acquérir la souveraineté, est contraire au droit international coutumier", ont déclaré les juges. Le tribunal maritime a décidé, de ce fait, que "les autorités portuaires sont autorisées à retirer les documents d'enregistrement et les certificats de négociation du navire" jusqu'à ce que le cas de cette cargaison soit définitivement tranché. Les entreprises néo-zélandaises prétendent avoir le droit d'importer du phosphate à partir du Sahara occidental en faisant valoir un avis juridique de l'ONU datant de 2002. "Or, l'instance judiciaire sud-africaine a considéré que la firme néo-zéalndaise Ballance Agri-Nutrients a systématiquement utilisé l'avis des Nations Unies en ignorant le consentement du peuple sahraoui requis pour effectuer une telle transaction". La Nouvelle-Zélande est le deuxième importateur du minerai du phosphate illégalement extrait par le Maroc au Sahara occidental. Les importations de la Nouvelle-Zélande sont recensées par Western Sahara Ressource Watch (WSRW), qui a relevé dans son rapport publié le 5 avril 2017 des cas de pillage et d'exploitation illégales des richesses du peuple sahraoui. Un deuxième vraquier transportant du phosphate sahraoui à destination du Canada a été également retenu le 17 mai 2017 au Panama.