Le gouvernement sahraoui et le Front Polisario ont fait part jeudi de leur optimisme après l'arraisonnement à Panama d'un deuxième navire transportant une cargaison de phosphate illégalement extraite au Sahara occidental occupé, et destinée à l'exportation, soulignant qu'«il était temps de recourir à la loi et au droit international» pour protéger les richesses naturelles du peuple sahraoui. En réaction à l'interception du navire, Mohamed Khadad, membre du secrétariat général du Front Polisario, a souligné : «Nous sommes optimistes pour ce deuxième recours à l'application de la loi pour mettre un terme au flagrant vol d'une ressource appartenant à un peuple sous occupation, ce qui favorisera notre détermination». L'interdiction de passage, le 1er mai, d'une cargaison passant par l'Afrique du Sud et l'étape d'aujourd'hui au Panama font partie, a dit M. Khadad, «des mesures en cours visant à lutter contre l'exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental et à améliorer la règle de droit dans l'avancement de l'autodétermination du peuple sahraoui». «Depuis le début des expéditions de l'entreprise vers le port de Vancouver au cours du deuxième semestre de 2013, le gouvernement sahraoui a tenté de prendre attache avec Agrium, protestant systématiquement contre l'envoi des navires (au Sahara occidental) de façon continue», a déclaré M. Khadad. Le point de référence, a soutenu M. Khadad, «est la décision de la Cour internationale de Justice en 1975 qui avait conclu que le Maroc n'a pas de droit territorial ou de prétention au Sahara occidental», en plus de la résolution de l'Assemblée générale des Nations unies qui stipule que «le territoire est occupé». «Après des années de lutte pour la fin de ce commerce illégal et notre quête de création par les Nations unies d'une instance de surveillance afin de veiller sur nos ressources jusqu'à l'organisation d'un référendum autodétermination du peuple sahraoui. Il était temps de recourir à la loi et au droit international», a ajouté le responsable sahraoui. L'affaire de l'arraisonnement du navire danois, et de celui retenu en Afrique du Sud le 1er mai et destiné à l'importateur néo-zélandais Ballance Agri-Nutrients (54 000 tonnes, 7 millions de dollars), fait suite à une affaire portée par les Sahraouis auprès de la Cour de justice de l'Union européenne. La Cour avait conclu en appel que le Maroc n'avait aucun droit ou revendication territoriale au Sahara occidental et que l'accord sur la pêche entre l'Union européenne et le Maroc ne pouvait s'étendre sur le territoire. Le tribunal a particulièrement noté que le consentement du peuple sahraoui était nécessaire pour le commerce ou des accords concernant des ressources naturelles. Les autorités judiciaires sahraouies s'engagent contre le commerce illégal M. Khadad a expliqué que «les Sahraouis voulaient que leur gouvernement agisse. Nous ne pouvions plus tolérer le mythe selon lequel l'exploitation minière et l'exportation de la roche de phosphate constituaient en quelque sorte un avantage pour la partie de notre population occupée à l'intérieur du Sahara occidental. Et notre peuple dans les camps de réfugiés n'a rien vu du commerce». «Considérez ceci: une pierre de phosphate de haute qualité pour engrais agricole est vendue à profit et profite à la nutrition des enfants dans des pays comme le Canada et la Nouvelle-Zélande», a-t-il fait remarquer. «En attendant, les propriétaires légitimes de la ressource, y compris les enfants sahraouis, sont confrontés à une mauvaise sécurité alimentaire. L'injustice de cette situation ne pourrait pas être plus évidente», a-t-il enchaîné. M. Khadad dit s'attendre à ce que les autorités judiciaires sahraouies s'engagent contre tous les conspirateurs dans le commerce illégal des ressources du Sahara occidental et poursuivent des propriétaires de navires pour des cargaisons futures, y compris des réclamations civiles ultérieures contre eux dans des pays spécifiques où les appels au port sont faits. La détention de la cargaison à bord du navire ultra Innovation survient la veille du rendez-vous donné par la Haute Cour de l'Afrique du Sud pour l'examen du cas du navire arrêté le 1er mai pour l'interdiction de la cargaison liée à la Nouvelle-Zélande.