La plage Tauro de la station de Gran Canaria aux Iles canaries, jadis rocheuse, a été couverte de sable provenant illégalement de la dernière colonie d'Afrique, le Sahara occidental, a relevé une enquête menée par le quotidien britannique, le Guardian, publiée samedi. Sous le titre "troubles au paradis", l'enquête du Guardian a souligné que le projet de couvrir la plage rocheuse avec 70.000 tonnes de sable a été réalisé "au mépris du droit international et au détriment de la dernière colonie africaine, le territoire occupé du Sahara occidental". Il est relevé que les autorités espagnoles ont lancé une enquête sur la question et que les experts en droits de l'homme affirment que "si le sable qui couvre la plage de Gran Canaria provenait de l'Etat occupé, ce serait une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et la décision de la Cour internationale de justice (CIJ)". Le Guardian précise que la CIJ affirme clairement que les ressources naturelles d'un territoire occupé ne peuvent être exploitées par l'occupant, à moins qu'ils profitent à la population locale. Il rappelle aussi l'arrêt de décembre dernier de la Cour de justice de l'Union Européenne (CJUE), qualifié d' "historique", stipulant que le commerce des produits agricoles et de la pêche originaires du Sahara occidental, territoire indépendant du Maroc, est illégal. Le chef du service de protection de l'environnement de la Garde civile espagnole à Las Palmas, le lieutenant Germin Garcia, a déclaré au Guardian qu'il avait intercepté un navire néerlandais géré par la compagnie maritime Eemswerken qui délivrait du sable provenant du Sahara occidental. "Le sable a été amené illégalement, il a été déchargé sans aucun contrôle", a déclaré Garcia au Guardian. Le site web de Eemswerken a annoncé en mai dernier, qu'un navire avait transporté "100.000 tonnes de sable d'El-Aayoun à Las Palmas". El-Aayoun est la capitale du Sahara Occidental occupé par le Maroc, relève l'enquête. Le journal souligne également que le Maroc "a un contrôle strict sur le Sahara occidental occupé, ce qui rend impossible aux journalistes d'enquêter sur la source précise du sable exporté d'El-Aayoun". Le journaliste qui a réalisé l'enquête s'est déplacé au Sahara occidental occupé en avril dernier, "ses mouvements ont été surveillés de près par la police marocaine et a été fréquemment empêché de se déplacer", précise le journal. Le texte ajoute qu'un spécialiste en géologie des Iles canaries, le professeur Valentin R Troll de l'Université suédoise d'Uppsala, a confirmé que l'échantillon de sable pris du Sahara occidental et le sable de Tauro et des autres plages artificielles des Iles canaries, étaient "extrêmement similaires". L'enquête précise que l'analyse n'est pas une preuve irréfutable, car le sable du Maroc pourrait avoir une structure minérale similaire, mais, elle précise que des sources locales affirment que le sable est extrait d'El-Aayoun. Par ailleurs, l'enquête souligne qu'"il existe des preuves" que du sable provenant du territoire occupé est utilisé également dans la construction aux Iles Canaries. Cité par le Guardian, le norvégien, Erik Hagen, membre actif de la direction de l'observatoire des ressources du Sahara occidental (WSRW) a déclaré qu'"en l'absence d'un contrôle et de conséquences juridiques contre la transgression du droit international, les entreprises concernées estiment qu'elles peuvent faire tout ce qu'elles veulent". Un représentant du Front Polisario a déclaré au Guardian qu'aucun consentement du peuple sahraoui ni de ses représentants n'a été accordé à l'occupant marocain pour inclure les ressources naturelles sahraouies dans ses accords commerciaux avec l'Europe. Il est souligné que le Maroc exporte l'équivalent d'environ trois millions de dollars par an de sable, dont 70% pour l'Espagne.