Le député européen Javier Couso Permuy a regretté l'attitude de l'Union européenne (UE) face à la "répression" des manifestants du "Hirak", le mouvement de contestation populaire et pacifique qui secoue depuis des mois la région du Rif dans le Nord du Maroc, dénonçant une "violation des droits de l'Homme". "Le Maroc viole les droits de l'Homme en réprimant et en emprisonnant les militants. Le Maroc viole les droits de l'Homme en occupant un territoire" au Sahara occidental et en "restreignant les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion, en poursuivant les journalistes et en dissipant les manifestations avec la force", a-t-il souligné dans une question adressée à la chef de la diplomatie européenne. Selon cet eurodéputé, la vague de protestations qui secoue la région du Rif depuis plusieurs mois a conduit à l'arrestation d'une centaine de militants rifains. "Ils font partie d'un mouvement social pacifique, luttant pour leurs droits, alors que le gouvernement marocain a choisi de répondre à ces manifestations par la répression et l'arrestation des militants", a-t-il déploré. Cette région du nord du Maroc, désenclavée et plongée dans un marasme économique avec un taux de chômage deux fois plus élevé que la moyenne nationale, est depuis octobre 2016 l'épicentre d'un mouvement de contestation populaire qui lutte pour le développement du Rif, qu'il estime "marginalisé". Depuis l'arrestation fin mai des principaux leaders du mouvement, poursuivis notamment pour "atteinte à la sécurité intérieure", la tension est montée d'un cran et les rassemblements se sont multipliés au Rif comme à l'étranger pour exiger la libération des détenus dont le nombre dépasserait les 400 personnes, selon l'activiste marocaine Fatima Beladel. Bien que plusieurs ONG ont déjà tiré la sonnette d'alarme sur les violations des droits de l'Homme au Rif, "l'UE a poursuivi ses accords commerciaux avec le Maroc et cherche également à contourner la décision de la Cour européenne de justice qui exclut le Sahara occidental de son accord de libre-échange avec le Maroc", a-t-il regretté. "Cela signifie-t-il que l'UE ne voit aucun problème à établir des accords avec des pays qui violent systématiquement et régulièrement les droits de l'Homme?", s'est-il demandé. La haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini s'est contentée d'affirmer que l'Union "suit de près la situation des droits de l'Homme au Maroc" grâce à ses contacts avec les autorités compétentes et le Conseil national des droits de l'homme (CNDH), mais aussi avec des organisations de la société civile et des défenseurs des droits de l'Homme. Mardi, des activistes marocains ont dénoncé à Bruxelles le "silence complice" de l'UE et des gouvernements européens par rapport à la vague de répression et d'arrestations arbitraires au Rif, plaidant pour un "soutien international" en faveur de la libération des détenus marocains. En juin, une coalition marocaine des droits de l'Homme, qui regroupe 22 associations, a épinglé les autorités marocaines pour la "répression" des manifestants du "hirak". La coalition a dénoncé dans un rapport des arrestations "abusives" et des cas de "torture" à Al-Hoceïma, Nord du Maroc.