La contestation dans le Rif du Maroc est relancée après le décès, mardi dernier, du manifestant Imad Atabi qui a succombé à ses blessures lors de la répression qu'a connue la ville d'Al Hoceïma le 20 juillet passé. C'est la première victime de la répression policière depuis la seconde vague de contestation rifaine au lendemain de l'arrestation du leader du mouvement Hirak, Nasser Zefzafi. Les obsèques de la victime se sont déroulées dans un climat extrêmement tendu et sous haute surveillance policière. La police a opéré plusieurs arrestations parmi les activistes du Hirak. Le mouvement de contestation, soutenu par plusieurs associations de défense des droits de l'homme, a appelé à une mobilisation – hier soir — pour rendre hommage au martyr du Rif. Une deuxième victime après la mort tragique de Mohcine Fikri écrasé par une benne à ordures qui a provoqué un large mouvement dissident embrasant toute la région du Rif marocain. La libération des quelques détenus au lendemain du discours du roi, fin juillet, n'a pas ramené le calme dans la région. «Tant que d'autres militants sont encore en détention et que les revendications économiques, sociales ne sont pas sérieusement prises en charge, les Rifains continueront à se battre», assure le mouvement Hirak. Signe d'une rupture entre le Nord dissident et le pouvoir marocain qui pour le moment n'arrive toujours pas à convaincre. Une situation que soutient l'ancien ministre de l'Economie, Saïd Saadi. Dans une déclaration au quotidien arabophone Akhbar Al Youm, il décrit un Maroc qui «risque de s'installer dans une instabilité sociopolitique» et dont les conséquences seront «dommageables» pour l'avenir du pays. «La persistance du mouvement Hirak en dit long sur les faiblesses structurelles dont souffre le royaume et qui provoquent régulièrement des protestations dans différentes villes et localités du pays», analyse-t-il. Issu des rangs du Parti du progrès et du socialisme et ministre sous le gouvernement de Abdelilah Benkirane, Saïd Saadi fait remarquer également que «la reprise des contestations populaires qu'illustre le Hirak du Rif révèle également une crise de l'intermédiation politique traditionnelle et trahit la forte concentration des pouvoirs autour du palais». Le rôle du roi est manifestement déterminant. Voulant se placer en dehors du conflit, le monarque alaouite a publiquement désavoué les partis politiques et leur fait porter la responsabilité de la crise qui secoue le Rif depuis des mois. Cependant, pour les populations du Nord et les principales figures de l'opposition politique «la responsabilité est celle du roi car il est le vrai détenteur du pouvoir».