La présence de la France en Polynésie française est "un colonialisme déguisé " qui prend en otage tout un peuple, ont dénoncé mardi à l'ONU des pétitionnaires et des représentants d'Etats membres de l'ONU. Les intervenants qui s'exprimaient lors du débat général de la quatrième commission chargée des politiques spéciales et de la décolonisation ont unanimement relevé que le gouvernement central de la Polynésie française élu n'a pas d'autorité sur ses propres îles, ce qui fait de ce pays "un territoire colonisé et non pas un territoire autonome". En somme c'est "une illusion d'autonomie qui s'appuie sur une délégation de compétences qui peuvent être reprises par la puissance administrante ", ont relevé plusieurs pétitionnaires. Steve Chailloux, de l'Université de Polynésie française, a réclamé un programme de dédommagement pour les victimes des essais nucléaires. Il a mentionné l'existence d'une résolution qui a quantifié le montant des réparations pour les essais nucléaires, mais a expliqué que ce document n'avait jamais été distribué aux Etats membres de l'ONU. "Quand j'entends que mon peuple a toujours choisi de rester français, mon cœur s'arrête", a lancé Moetai Brotherson de l'Assemblée nationale de France. "Nous avons été conquis après la guerre et nous n'avons pas choisi d'être un terrain pour les essais nucléaires, nous n'avons pas choisi l'exploitation de nos ressources", a-t-il ajouté. Il a affirmé que, depuis 2013, la France est "dans une situation de déni" puisqu'elle refuse d'inclure la Polynésie française dans la liste des territoires non autonomes. "Avec l'Algérie, c'était la même tactique", a-t-il signalé. "Chaque fois qu'on aborde la question, la France quitte la salle et revient au point suivant". Il a espéré que la nouvelle génération de politiciens changera d'attitude. Faisant référence au président Emmanuel Macron et à son discours sur le multilatéralisme qu'il a prononcé à l'Assemblée générale, M. Brotherson a estimé qu'il était temps que la France revienne aux discussions multilatérales. La situation de l'aéroport de Faa'a, à Tahiti, et la nouvelle taxe sur le transport aérien, qui génèrent des ressources financières importantes a également été soulevée Le représentant de l'Algérie a voulu des précisions sur les initiatives lancées pour faire face aux conséquences des essais nucléaires.