L'examen du projet de loi britannique sur le brexit, qui a commencé mercredi au parlement, sera un "test crucial" pour l'autorité de la Première ministre britannique Theresa May, estiment les observateurs à Londres. Les amendements du projet qui vise à mettre fin à la suprématie du droit européen au Royaume-Uni, débattu en septembre, seront examinés durant plusieurs semaines, et concernent des aspects qui divisent les députés et le gouvernement. Les débats risquent d'être houleux selon les commentaires de la presse, notamment sur le maintien ou non de Londres dans le marché unique européen et les pouvoirs supplémentaires que propose le projet pour les ministres, entre autres. Des députés travaillistes veulent maintenir le Royaume-Uni dans le marché unique et l'union douanière et permettre à la Cour européenne de justice de traiter des dossiers britanniques durant la période de transition, qui suivra la sortie de Londres de l'UE en mars 2019. La proposition d'élargir les prérogatives des ministres pour leur permettre de modifier la législation européenne avant son transfert vers le droit national, a également été contestée même par des députés conservateurs. Les observateurs soulignent que le gouvernement risque une "défaite" sur certains amendements importants, si des députés du Parti conservateur "mécontents" s'allient avec des députés du Labour Party, premier parti de l'opposition. Pour rappel, le parti au pouvoir ne dispose que d'une infime majorité au parlement, grâce à son alliance avec un petit parti de l'Irlande du Nord. Les observateurs à Londres estiment que le débat autour du projet sur le brexit au parlement constitue "une épreuve de force" pour Mme May, qui éprouve des difficultés à affirmer son autorité au sein même de son gouvernement depuis qu'elle a perdu sa majorité parlementaire suite aux élections anticipées du 8 juin dernier. Dimanche, le Sunday Times a rapporté que quarante députés du parti conservateur ont signé une lettre pour écarter Mme May de son poste. Il ne manquerait que 8 voix pour déclencher le processus de son remplacement. En outre, la démission de deux ministres en une seule semaine fragilise sa position dans les négociations sur le Brexit, relève la presse. Il s'agit du ministre de la Défense, Michael Fallon, accusé d'un comportement inapproprié envers une journaliste, et la ministre chargée du développement international, Priti Patel, qui s'était entretenue avec des responsables israéliens à l'insu de son gouvernement. Les difficultés que rencontre la Première ministre britannique ne sont pas récentes. En octobre dernier, les medias avaient fait part d'une tentative de son renversement et du mécontentement de nombreux conservateurs quant à sa capacité à gouverner. Selon la loi en vigueur, des élections législatives ne sont pas nécessaires pour remplacer la Première ministre. Un vote interne du parti au pouvoir serait suffisant pour la remplacer. Theresa May est en outre critiquée, notamment par l'opposition, sur la lenteur des négociations avec l'Union européenne sur le Brexit. Elle fait face aux partisans d'un brexit "doux", et ceux qui prônent un retrait "dur" de l'UE, au sein même de son gouvernement et de son parti. Une sortie britannique de l'UE sans accord, que n'écartent pas aussi bien Londres et Bruxelles, divise également la classe politique. Le leader de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a demandé à Mme May d'être plus "ferme", d'avancer dans le brexit, ou céder la place à son parti. Dans une contribution au Sunday Times, il a indiqué que "le gouvernement de Theresa May montre tous les signes d'effritement", ce qui risque d'"affaiblir dangereusement" la position de Londres sur le dossier brexit.