Plus d'une cinquantaine de personnalités, historiens, politiques, juristes, journalistes et cinéastes, ont demandé au président Emmanuel Macron de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans l'assassinat par l'armée française de Maurice Audin en juin 1957. "Le 11 juin 1957, pendant la bataille d'Alger, Maurice Audin, mathématicien communiste de 25 ans, était arrêté par les parachutistes du général Massu devant sa famille, avant d'être torturé. Le jeune assistant à la faculté d'Alger n'en est jamais revenu, et l'armée française a fait disparaître son corps", ont d'emblée rappelé les signataires de la lettre ouverte adressée au président Macron. "Je crois que c'est moi qui ai enterré le corps de Maurice Audin", avait confié ce témoin des atrocités qu'avait fait subir l'armée française aux Algériens durant la guerre de libération, qui a voulu garder l'anonymat en se tenant à la disposition de la famille Audin. D'après son témoignage, les événements se sont déroulés dans une ferme à Fondouk (actuellement Khemis el-Khechna, Boumerdès) où, dans une cabane fermée à clé, se trouvaient "deux cadavres enroulés dans des draps et cachés sous la paille", avait raconté le témoin de 82 ans pour "soulager sa conscience et se rendre utile pour la famille Audin". "J'ai d'abord l'impression de loin que ce sont des Africains. Ils sont tout noirs, comme du charbon", avait-il précisé, faisant état des propos du soldat Gérard Garcet, désigné plus tard par ses supérieurs comme l'assassin de Maurice Audin qui racontait "fièrement" avoir passé les deux victimes à la "lampe à souder (...) pour éviter qu'on puisse les identifier". "C'est une grosse prise. Il ne faut jamais que leurs corps soient retrouvés", avait-il ajouté aux jeunes appelés, dont le témoin. Selon le député Cedric Villani (mathématicien), le président Macron lui a fait part de son "intime conviction" que Maurice Audin a été "effectivement assassiné par l'armée française".