Cédric Villani, mathématicien proche de la famille Audin, a réclamé «davantage d'expression officielle» sur cette affaire qui date de plus de 60 ans. «C'est le devoir de l'Etat de mettre tout en oeuvre pour ce travail de vérité», a-t-il vivement souligné. Les députés Cédric Villani (La République en marche, LREM) et Sébastien Jumel (Parti communiste français, PCF) ont demandé hier au président Emmanuel Macron la reconnaissance officielle de l'assassinat, en juin 1957 par l'armée française, du militant de la cause algérienne Maurice Audin. Lors d'une conférence de presse organisée à l'occasion de la commémoration de la naissance de Maurice Audin, né un 14 février 1932, le député communiste Sébastien Jumel a indiqué que l' objectif de cette démarche est d'«obtenir une reconnaissance officielle devant l'opinion» quant à «l'engagement de la responsabilité de l'Etat» dans la disparition et l'assassinat programmé de Maurice Audin. Pour sa part, Cédric Villani, mathématicien proche de la famille Audin, a réclamé «davantage d'expression officielle» sur cette affaire qui date de plus de 60 ans. «C'est le devoir de l'Etat de mettre tout en oeuvre pour ce travail de vérité», a-t-il vivement souligné en réitérant les certitudes déjà exprimées auparavant. En effet, M. Villani avait formulé en janvier dernier, dans un entretien publié par le quotidien L'Humanité, que le président Macron lui a exprimé son «intime conviction» selon laquelle Maurice Audin a été «effectivement assassiné par l'armée française». L'historien Gilles Manceron avait alors estimé, toujours en janvier dernier, dans une interview accordée à l'APS, que l'Etat français, à travers cette confidence du président Macron, effectue un «petit pas» vers la reconnaissance de sa responsabilité effective dans l'assassinat de Maurice Audin. Dans son édition d'hier, le quotidien L'Humanité a publié le témoignage d'un ancien soldat appelé du contingent qui croit avoir enterré le corps de Maurice Audin. «Je crois que c'est moi qui ai enterré le corps de Maurice Audin», a confié au journaliste de L'Humanité ce témoin des atrocités que l'armée française avait commises à l'encontre des Algériens durant les sept années de la guerre de libération. Le conscrit a souhaité conserver l'anonymat tout en se disant prêt à répondre aux sollicitations éventuelles de la famille Audin. Selon cet homme, âgé aujourd'hui de 82 ans, les événements se sont déroulés dans une ferme à Fondouk (actuellement Khemis El-Khechna) où une cabane fermée à clé recelait «deux cadavres enroulés dans des draps et cachés sous la paille». Sous le pseudonyme de Jacques Jubier, le témoin relate les faits tels que gravés dans ses souvenirs et dit chercher à soulager sa conscience tout en rendant service à la famille du martyr. «J'ai d'abord l'impression de loin que ce sont des Africains. Ils sont tout noirs, comme du charbon», a-t-il raconté, rapportant des propos du soldat Gérard Garcet, désigné plus tard par ses supérieurs comme l'assassin de Maurice Audin qui racontait «fièrement» avoir passé les deux victimes à la «lampe à souder (...) pour éviter qu'on puisse les identifier». «C'est une grosse prise. Il ne faut jamais que leurs corps soient retrouvés», avait-il ensuite indiqué aux jeunes appelés, dont Jacques Jubier, leur assurant que l'un était «le frère de Ben Bella et l'autre, 'une saloperie de communiste'' qui les a fait disparaître». Pour le témoin, il n' y a pas l'ombre d'un doute que l'un des corps était bien celui de Maurice Audin tandis que le second était vraisemblablement celui d'un militant anonyme. La certitude, c'est que le témoin confirme avoir participé à l'enterrement des corps avant de reprendre la route «au nord du barrage du Hamiz»...