L'Instance de lecture du Coran à Blida, considérée comme la première structure du genre ouverte après l'Indépendance, s'est lancée, pour la première fois en Algérie, dans la diffusion des 10 méthodes "Nâfi" de récitation du Coran, dans le but de préserver ce mode de lecture, en usage uniquement au Maghreb arabe et qui compte quelques adeptes à l'échelle nationale. Selon le responsable de cette Instance, Cheikh Abdelkrim Hamadouche, les 10 méthodes "Nâfi" de récitation du Coran (récitation selon l'Imam "Nâfi") sont l'apanage des pays du Maghreb arabe. "Il y'a huit ans de cela, cette méthode était adoptée par le seul érudit Cheikh Tahar Ait Aldjath, qui l'avait apprise durant les années 50", a-t-il indiqué à l'APS. La méthode "Nâfi" est actuellement maitrisée par "un petit nombre de récitants, se comptant sur les doigts d'une main", a souligné Cheikh Hamadouche, expliquant que lui même l'a apprise au Maroc en 2011, d'où l'"urgence ", selon lui, d'inculquer aux nouvelles générations de récitants du Saint Coran, ces dix méthodes de lecture, qui font partie du "riche patrimoine de la région". Outre Cheikh Hamadouche, cette méthode est actuellement maitrisée par son adjoint Cheikh Omar Khoudja et quelques récitants d'Alger, dont Cheikh Fateh Bourouis, Mohamed Fellani de Bechar et un autre récitant de la wilaya de Tlemcen de la génération de Cheikh Ait Aldjet. "Cette année scolaire est l'année de la diffusion des 10 méthodes de lecture "Nâfi" en Algérie", a signalé Cheikh Hamadouche, notant que ces méthodes sont l'apanage des pays du Maghreb arabe, ignorées au Moyen Orient et par le reste du Monde musulman. L'apprentissage de ces méthodes de lecture coranique requiert, selon le responsable de l'Instance de lecture du Coran, la réunion de nombreuses conditions chez l'élève (Talib), ce dernier doit avoir mémorisé tout le saint Coran et sait parfaitement le réciter. Il doit, également, avoir une maitrise des règles de lecture (Tadjwid) d'Ibn El Ghazi, répertoriées dans son ouvrage "Tafsil Durar Akd Allaoumii ", tout en ayant une connaissance de l'ouvrage de l'Imam Abou Omar Dani sur l'Imam Nâfi. Il n'a pas manqué, à ce titre, de lancer un appel à tous les récitants du Coran, en vue d'apprendre ces dix méthodes de lecture, considérées, selon lui, comme "un patrimoine maghrébin d'une valeur supérieure" qu'il est impératif de sauvegarder. Cette année, 25 élèves sont en formation, sans compter les nombreux autres élèves qui se consacrerons uniquement à l'apprentissage du Coran et à sa récitation entre autres. Aussi, l'Instance de Blida s'attelle tout au long de l'année à l'organisation de nombreuses activités, telles que des journées d'études et d'information au profit des Imams et des Muezzin, ainsi que des concours interuniversitaires au profit des étudiants. Les responsables sont régulièrement sollicités par le ministère de tutelle pour prendre part aux opérations de correction du "Mu??af", outre l'encadrement de différents concours nationaux d'apprentissage et récitation du Coran. Des étudiants d'instances similaires font le déplacement de plusieurs wilayas afin de solliciter l'Instance de lecture de Blida en raison de la réputation acquise à l'échelle nationale dans le domaine de formation. Cette réputation lui a value l'introduction d'une proposition de la part de la direction des Affaires Religieuses de Blida pour l'organisation d'un colloque national de lecture du Coran et dont la plate-forme du projet a été introduite auprès du ministère de tutelle. L'Instance de lecture de Blida, dont le siège est une vieille école préparatoire, fait partie des meilleurs idées concrétisées ces dernières années dans la wilaya" a estimé l'Imam de la Mosquée "Ben Djelloul ", Cheikh Harachif Djilali. Située en face de sa mosquée, la "structure enregistre une grande affluence", s'est-il félicité, relevant que sa création a permis l'émergence de nombreuses "voix talentueuses " dans la récitation du Coran, "ce qui est en soi un honneur pour la wilaya de Blida ". En dépit de son rôle avéré, l'Instance lecture de Blida "ne bénéficie pas d'un intérêt adéquat à son apport au domaine et manque de notoriété à l'échelle nationale", a jugé le directeur local des Affaires religieuses et des Wakfs, citant en cause "le manque de couverture médiatique". Il a dans ce sens appelé des organes de presse à "mettre en lumière le rôle d'importance de cette structure dans la sauvegarde du référent religieux national".