Premiers froids, premières intoxications au monoxyde de carbone et premiers bulletins de renseignements quotidien (BRQ) de la Protection Civile "dédiés" à ce tueur silencieux, véritable "serial killer" qui fait beaucoup de bruit, particulièrement dans la circonscription administrative de Ali Mendjeli (Constantine). Comme tant d'autres régions du pays d'ailleurs, Constantine n'est pas en reste, en particulier Ali Mendjeli et ses ramifications tentaculaires, qui concentre, à elle seule, la majorité des cas d'asphyxie et de décès imputés à ce gaz inodore, invisible, mais mortel qui décime parfois des familles entières. Une réalité que font ressortir les bilans réguliers de la direction de la protection civile de Constantine (DPC), faisant état d'une hausse "alarmante" de décès dus au monoxyde de carbone, essentiellement dans cette nouvelle ville, ou pas moins de 9 morts ont été déplorés, sur un total de 10 victimes enregistrées en 2018 au niveau de la wilaya. "Entre l'année 2017, ou les services de la protection civile ont dénombré 3 décès dus au monoxyde de carbone et 2018, il s'est produit un +bond+ assez inquiétant, essentiellement à Ali Mendjeli qui arrive en pôle position en matière de nombre de victimes", a révélé à l'APS le lieutenant Noureddine Tafer, responsable de la communication à la DPC. Il en est de meme pour le nombre d'interventions liées aux asphyxies par le monoxyde carbone dont le nombre, selon M. Tafer, est en hausse également durant ces deux dernières années, avec 123 interventions en 2017 et 140 en 2018, se soldant par un nombre de personnes secourues s'élevant respectivement à 195 et 157, comparativement à 2016, ou la DPC a enregistré 61 interventions ayant permis de secourir 85 personnes. Approchés par l'APS, des citoyens admettent, à cet effet, "ne pas nettoyer de manière systématique leur chauffage à gaz, ni même penser à désobstruer éventuellement leur cheminée avant la saison hivernale, alors que d'autres confient "ne pas avoir fait appel aux services d'un agent agréé pour installer leur chauffage à gaz ou le chauffe-bain". "L'obsolescence du métier de ramoneur, autrefois salutaire, dénote le peu d'intérêt accordé à la culture préventive et participe, en filigrane, à l'accentuation du danger inhérent au monoxyde de carbone", regrette, pour sa part, un sexagénaire. Oued El Had, l'informel sans garantie Dans le quartier populeux de Oued El Had, ou l'informel règne en maitre, tout se vend et s'achète à des prix défiant toute concurrence, entre autres des chauffages à gaz et des chauffe bain d'occasion, cédés à moins de 10.000 DA sans certificat de garantie ou de conformité. Le certificat de garantie du chauffage est pourtant "primordial", soutient Abdelghani Bounaas, chef de service de la protection du consommateur et de la répression des fraudes à la direction du commerce de Constantine, et ce, conformément au décret 12-203 du 6 mai 2012 relatif aux règles applicables en matière de sécurité des produits, "permettant le suivi de l'offre d'un service, à l'aide de documents à tous les stades de la prestation en direction du consommateur en ayant bénéficié". Selon ce meme responsable, sur les 302 interventions opérées en 2018, au niveau des commerces de gros et de détail dédiés aux appareils à gaz, 127 infractions assorties de poursuites judiciaires ont été relevées, dont 73 pour non-respect du certificat de garantie et 53 pour non information du consommateur. Il a ajouté que des essais techniques effectués sur 2 échantillons prélevés sur les appareils proposés actuellement sur le marché, se sont avérés conformes , faisant savoir que les 8 marques de chauffages à gaz et les 3 marques de chauffe bain commercialisées au niveau de la wilaya, sont toutes montées en Algérie. En 2018, les éléments de la Protection Civile ont réussi à sauver 168 personnes exposées au monoxyde de carbone à l'échelle nationale, mais il n'en demeure pas moins que ces personnes peuvent en garder des séquelles neurologiques et cardiaques. (Par Lydia Rahmani)