L'importance de la diversification des modes de production d'eau pour assurer la sécurité hydrique a été soulignée mercredi à Alger à l'occasion d'une table ronde autour de la sécurisation de la disponibilité de l'eau. Intervenant à l'occasion de cette rencontre organisée en marge de la 15e édition du Salon international des équipements, des technologies, des services de l'eau et de l'environnement (SIEE Pollutec 2019), le directeur central de la mobilisation des ressources en eau (DMRE) au ministère de tutelle, Abdelwahab Smati, a fait savoir que l'Algérie a depuis plusieurs années entrepris une démarche de diversification de production de cette ressource pour faire face au stress hydrique. Dans ce sens, il a cité les différentes techniques de mobilisation de l'eau pour couvrir les besoins de l'ensemble du pays notamment à travers les infrastructures de retenue (barrages), les transferts d'eau d'une localité à une autre, l'exploitation des eaux souterraines et le dessalement d'eau de mer. Considérées, au même titre que le dessalement comme des sources hydriques non conventionnelles, il existe des ressources en eau issues de l'épuration, a fait savoir M. Smati. Selon le même responsable, cette ressource pourrait se développer et être utilisée dans l'industrie, dans le réseau urbain et dans le secteur agricole. Cela permettra au pays d'économiser l'eau conventionnelle qui provient des barrages et d'être ainsi moins tributaire de la pluviométrie. "Le remplissage des barrages n'est pas forcément synonyme de sécurité en alimentation en eau potable. C'est seulement une sécurité supplémentaire", a-t-il affirmé, soulignant l'importance du concept de la "sécurité hydrique" du pays, au même titre que la sécurité alimentaire et celle énergétique. L'eau des barrages ne représente que 30 % de l'alimentation en eau potable du pays, contre 50 % s'agissant de la ressource souterraine et 17 % issue du dessalement d'eau de mer. Concernant le dessalement, M. Smati, a fait savoir que les stations dédiées à cette activité sont principalement situées à l'ouest du pays. Une disposition qui répond au niveau de pluviométrie "plus élevé à l'Est qu'à l'Ouest du pays". Questionné lors de cette table ronde à propos du coût onéreux du procédé de dessalement, le représentant du ministère a indiqué que les coûts ont réellement chuté au cours des dernières années avec les avancées des procédés d'épuration (techniques membranaires) pour ce type d'opération. "A titre de comparaison, une station de dessalement qui distribue son eau dans un rayon de 50 km représente le même coût qu'un transfert d'eau sur 150 km", a-t-il expliqué. Présent à cette table ronde, le directeur central de l'hydraulique agricole (DHA) sous tutelle du ministère des Ressources en eau, Abderrahmane Aflihaou, est revenu sur l'utilisation des eaux épurées dans le secteur agricole. Il a indiqué que 12.000 hectares (ha) de terres agricoles à travers le territoire national sont irrigués à partir d'eaux usées épurées . M.Aflihaou a également rappelé l'objectif du ministère, à savoir atteindre les 2 millions ha de terres agricoles irriguées. Ce chiffre pour l'année 2018 a atteint 1,3 million ha. Intervenant également lors de cette rencontre, le directeur central de l'alimentation en eau potable (DAEP), Omar Bougueroua, a pour sa part rappelé les ouvrages de captage d'eau réalisés par l'Algérie pour optimiser la valorisation de la pluviométrie. Il a également souligné l'intérêt de sensibiliser autour de de l'usage de l'eau par les consommateurs afin de réduire la surconsommation et le gaspillage d'autant que l'Algérie a perdu près de 30% de pluviométrie au cours des trois (3) dernières décennies à cause du réchauffement climatique, selon le responsable de la DAEP.