Le président du parti Front de justice et de développement (FJD), Abdallah Djaballah, a plaidé, lundi à Alger, pour la mise en place de mécanismes à même de concrétiser les dispositions de l'article 7 de la Constitution et permettre de réunir les conditions de l'application de son article 8. Lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti, M. Djaballah a estimé que "la crise que traverse l'Algérie est exceptionnelle et ne peut être réglée que par des solutions exceptionnelles", proposant plusieurs mécanismes permettant de concrétiser les dispositions de l'article 7 de la Constitution, notamment une transition de six mois gérée par un chef d'Etat ou d'un "conseil présidentiel" composé de trois à cinq personnalités jouissant de compétence, d'expérience professionnelle et d'un parcours intègre. Soulignant que ces personnalités ne devraient pas avoir participé à la gestion des affaires du pays durant les vingt dernières années, M. Djaballah a mis l'accent sur la nécessité de l'accompagnement de l'Institution militaire afin de permettre à cette présidence d'accomplir ses missions loin de toute pression. Il a ajouté que l'Instance présidentielle procèdera par la suite à la désignation d'un gouvernement de compétence chargé de la gestion des affaires courantes, de la préservation de la sécurité et de la stabilité du pays et de la réunion des conditions matérielles nécessaires et adéquates pour le retour au processus électoral. Le parti FJD a proposé en outre de charger une Commission nationale regroupant des compétences en matière de droit d'introduire les modifications nécessaires au Code électoral afin de combler les vides juridiques qu'il contient, asseoir une base juridique pour confier le dossier des élections à une instance nationale indépendante. Pour le président du FJD, si l'Instance présidentielle décide d'aller d'abord à une élection présidentielle, il faudra alors introduire, au chapitre relatif aux pouvoirs, un amendement constitutionnel garantissant l'équilibre entre ces derniers, conformément aux revendications du peuple. Evoquant les missions de l'Instance présidentielle en termes d'organisation des élections et de mise en place des institutions constitutionnelles conformément aux dispositions de l'article 08 de la Constitution, M. Djaballah a expliqué que la crise actuelle est "une crise politique et doit avoir un traitement politique sur la base du principe de la souveraineté du peuple". Il a indiqué, à ce propos, que la solution ne peut résider dans l'article 102 de la Constitution, qui prévoit que le président du Conseil de la nation ou le président du Conseil constitutionnel assure la fonction de chef de l'Etat par intérim, étant donné que ces deux personnalités sont rejetées par le peuple. M. Djaballah a rappelé que le peuple algérien avait exprimé, lors du septième vendredi du mouvement populaire, son rejet des trois B, Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation, Tayeb Belaiz, président du Conseil constitutionnel, Noureddine Bedoui, Premier-ministre en sus du président de l'Assemblée populaire national (APN), Mouad Bouchareb. Pour lui, l'insistance sur l'application de l'article 102 ne ferait que perdurer la crise en ce sens qu'il garantit le maintien du système dont le peuple exige le départ. Pour sa part, le député Lakhder Benkhellaf a affirmé que les députés du FJD boycotteront la réunion du Parlement siégeant en chambres réunies prévue mardi au Palais des nations (Alger), estimant que le Parlement actuel était "illégitime" et ne représente plus le peuple qui a investi la rue, depuis le 22 février dernier, réclamant le départ du système en place.