La 15éme réunion du forum de négociation de la Zone de libre-échange continentale Afrique (ZLECAf-FN) s'est achevée samedi à Addis-Abeba (Ethiopie) permettant la finalisation des travaux en suspens, a indiqué un haut responsable au ministère du Commerce. Dans un entretien accordé à l'APS, le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Khaled Bouchelaghem, a expliqué que la 15ème "ZLECAf-FN", dont les travaux avaient débuté le 20 mai dernier, avait essentiellement porté sur la finalisation des travaux relatives à l'identification des critères conférant l'origine africaine pour chaque produit. Cet exercice technique, visait, a-t-il dit, à "harmoniser les positions autour des règles d'origine pour faire bénéficier les produits africains échangés entre les Etats membres, de préférences tarifaires". Le document sanctionnant les travaux de la session constitue un appendice à l'annexe 2 du protocole sur le commerce des marchandises, et ce, après sa validation par les ministres du Commerce de l'Union africaine (UA), les 7 et 8 juin 2019 à la capitale éthiopienne, a précisé M. Bouchelaghem. Selon lui, les négociations autour de la ZLECAf, mise en vigueur le 30 mai dernier, sont conduites par quatre (4) institutions. Il s'agit des Groupes de travail techniques (GTT), du Forum de négociation de la ZLECAf (ZLECA-FN), du Comité des hauts fonctionnaires du commerce (STOs) et de la Réunion des ministres africains en charge du Commerce (AMOT). Ces organes, a précisé le même responsable, sont composés de représentants des Etats membres de l'UA et des Communautés économiques régionales. Le Forum est donc chargé de conduire les négociations sur la base des rapports soumis par les différents GTT et rendu compte au Comité des Hauts fonctionnaires. Ce dernier présente les résultats des négociations aux ministres africains du commerce pour validation. La RASD parmi les premiers pays signataires Interrogé sur "les questions qui restent en suspens", il a cité l'élaboration des règles, l'identification des taux d'intégration conférant l'origine africaine aux produits à échanger (règles de liste), ainsi que l'élaboration des offres tarifaires visant la libéralisation de 90% des lignes tarifaires. Il a aussi évoqué l'identification des produits sensibles et ceux à exclure de la libération tarifaire constituant les 10% des lignes tarifaires restantes, ainsi que l'élaboration et la soumission, au titre du commerce des services, des listes des engagements spécifiques pour chaque Etat membre. Concernant l'apport de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) dans le cadre de la ZLECAf, M. Bouchelaghem a rappelé que cet Etat, qui est membre fondateur de l'UA, figure parmi les pays signataires de l'Accord sur la zone à Kigali (Rwanda) en mars 2018. La RASD, a-t-il poursuivi, est référencée actuellement comme le 22ème pays ayant déposé les instruments de ratification, ce qui a conduit à l'entrée en vigueur de l'Accord ZLECAf, le 30 mai dernier. Questionné sur les prochaines étapes qui suivront le lancement effectif de la ZLECAf, le même responsable, a indiqué qu'un Sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de Gouvernement, est programmé pour le 7 juillet 2019, à Niamey (Niger) pour le lancement du marché intra-africain. Selon lui, la ZLECAf se veut une zone géographique continentale dans laquelle les biens et services circulent sans restriction entre les Etats membres de l'UA. Elle vise à stimuler le commerce intra-africain en offrant un Accord commercial global et mutuellement bénéfique entre les Etats membres, couvrant le commerce des biens et des services, les investissements, les droits de propriété intellectuelle et la politique en matière de concurrence. Très attendue, cette zone constitue un marché de 1,2 milliard de personnes et un produit intérieur brut combiné de 2,5 milliards de dollars, et créera un flux d'échange de 3.000 milliards de dollars, sans aucun droit de douane ni restriction à la frontière, a précisé M. Bouchelaghem. L'idée de créer la Zone son origine dans le Traité d'Abudja (juin 1991), qui stipule que les Etats africains doivent renforcer leurs Communautés Economiques Régionales (CER) en intégrant et en coordonnant leurs politiques commerciales et en mettant graduellement, les huit (8) CER, y compris l'UMA, sur une période de 34 ans, et par étapes, à partir de l'entrée en vigueur du Traité d'Abudja. La ZLECAf, a ajouté M. Bouchelaghem, est l'un des projets phares de l'Agenda 2063 de l'UA qui constitue un cadre commun pour une croissance inclusive et un développement durable pour l'Afrique à réaliser au cours des cinquante prochaines années. Les dirigeants africains espèrent que l'accord éliminera les droits de douane et générera des emplois pour une main-d'œuvre jeune et harmonisera le travail des communautés économiques régionales déjà existantes. Cela pourrait également accroître le commerce intra-africain de 52,3 % par an. Actuellement, le commerce intra-africain représente environ 16% du commerce total du continent.