Les "gilets jaunes" étaient quelques milliers à travers les villes de France ce samedi, un acte 29 de leur mobilisation qui montre bien un mouvement à bout de souffle. Le mouvement, qui avait gagné au début la sympathie des Français, n'arrive plus, selon des observateurs, à peser sur l'opinion publique et le gouvernement. Le mouvement des "gilets jaunes", rappelle-t-on, a été lancé le 17 novembre dernier à travers les réseaux sociaux pour exprimer le ras-le-bol fiscal des Français et la dégradation de leur pouvoir d'achat. La mobilisation de ce samedi intervient à une semaine des élections européennes et pendant le long weekend de l'Ascension (fête chrétienne célébrée 40 à partir de Pacques) que les Français ont préféré quitter les villes pour profiter du beau temps. Six mois après le déclenchement du mouvement, qui était porteur et fort au début, le gouvernement a finalement réussi, à coups de mesures sociales, de loi anticasseurs et de limitation des lieux de manifestations, à contenir cette colère, d'où la nécessité, selon de nombreux analystes, du choix de dialoguer car, admettent-ils, "la rue n'est plus le lieu adéquat" à la contestation, en tout cas pour le mouvement. Beaucoup d'entre eux pensent que le mouvement est "dans une impasse" et restent un peu dubitatifs sur son avenir, alors que du côté des "gilets jaunes" on affirme que la "lutte continue". A 14h00, ils étaient quelques milliers à manifester en France, dont 1300 à Paris et 1000 à Toulouse. A Lyon, les "gilets jaunes" ont manifesté avec les Blouses blanches qui appellent au refus de la réforme de la fonction publique et de la loi santé. Dans le cortège de Paris, les manifestants scandaient "Justice sociale justice fiscale", "anti, anti, anticapitaliste", dénonçant les violences policières lors des manifestations antécédentes. A ce propos, le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, a indiqué vendredi sur les colonnes du Parisien que les policiers auteurs de violences envers les "gilets jaunes" seront jugés. "A ce jour, 174 enquêtes ont été? ouvertes à Paris : 171 confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), 3 à l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN)", a expliqué le procureur, assurant que personne ne bénéficiera d'une quelconque immunité?. Depuis l'acte I des "gilets jaunes", c'est-à-dire le 17 novembre 2018, au moins 360 plaintes visant des forces de l'ordre ont été? déposées, entrainant 248 enquêtes. Le procureur de la République a ajouté que parmi ces dossiers, 57 ont été? Clôturés et remis à son parquet, qui est en train de les analyser, indiquant que huit de ces enquêtes ont justifié l'ouverture d'une information judiciaire, c'est-à-dire que la poursuite des investigations est désormais confiée à des juges d'instruction. Selon un bilan provisoire sur les violences policières établi par le journaliste indépendant David Dufresne sur son compte Twitter, il y a eu, depuis le 17 novembre 2018, 802 signalements, 1 décès, 289 blessures à la tête, 24 éborgnés et 5 mains arrachées.