Le développement de l'économie bleue (toutes les activités autour de la mer) en Algérie pourrait conduire à la création de 150.000 nouveaux emplois dans les métiers de la mer à l'horizon 2020-2023,a indiqué mercredi à Oran, Mohamed Mazouz, enseignant à l'Institut de technologie de Pêche et d'aquaculture d'Oran. "Des estimations réalistes récentes sur le potentiel en économie bleue, indiquent que le développement de ce créneau est en mesure de créer plus de 150.000 nouveaux emplois dans les métiers de la mer à l'horizon 2020-2023", a souligné le spécialiste lors d'une rencontre sur la stratégie nationale sur l'Economie bleue (SNEB 2030). "Le développement et la diversification des activités marines et maritimes pourraient générer manuellement des recettes de 3 à 4 milliards USD entre 2023 et 2025", a fait savoir Dr Mazouz. L'économie bleue se caractérise par l'exploitation rationnelle des ressources de la mer sans produire de déchets et de polluants en s'inspirant de ce que fait la nature et en préservant l'environnement et les fonds marins. Selon l'expert, l'Algérie a déjà investi, au cours des vingt dernières années, plus de 40 milliards USD dans les infrastructures et les équipements maritimes et côtiers, les navires, les installations énergétiques et celles dédiées au dessalement de l'eau de mer, et les infrastructures de l'assainissement. Aussi, plusieurs projets concernant les ouvrages de protection, les équipements liés à la pêche, à l'aquaculture, les activités agroalimentaires associées aux produits de la mer, la construction et la réparation navales, ont également été concrétisés. A cet effet, beaucoup d'efforts ont été déployés en la matière par l'Algérie, qui s'est dotée dès 2015, d'une stratégie nationale de gestion intégrée des zones côtières. Celle-ci est axée sur le développement durable de ces zones en particulier dans le secteur du transport, de la pêche et l'aquaculture et la protection des eaux. L'Algérie a également adopté une stratégie de lutte contre les pollutions accidentelles en mer et s'est dotée d'un réseau d'assainissement constitué de 37 stations de traitement des eaux usées le long du littoral, a rappelé le même expert. De son côté, le maître-assistant à l'Université d'Oran 1, Kallouche Mohamed El Moustapha, membre de l'association écologique marine locale "Barbarous" a présenté un projet inscrit dans le cadre de l'économie bleue, concrétisé par la dite association avec ses partenaires. Il s'agit d'un récif artificiel de reproduction à quelques kilomètres au large de la côte de Bousfer, dans le but d'améliorer les résultats de la pêche artisanale dans la région et soutenir les moyens d'existence de nombreux artisans-pêcheurs qui s'adonnent à cette activité, a-t-il expliqué. "Des études menées avant et après l'installation de ce récif ont montré qu'un an après sa pose, le nombre d'espèces présentes dans la zone était passé de 4 à 53 espèces", a ajouté M. Kallouche. Toutefois, ce genre de récifs fait face à des contraintes dont la chasse sous-marine et le chalutage, d'où "l'importance de mettre en place également des récifs de protection", a-t-il ajouté. Pour sa part, le directeur local de la pêche et de l'aquaculture, Mohamed Bengrina, a souligné qu'il est important d'élaborer et d'appliquer cette stratégie en collaboration avec les secteurs concernés, à savoir ceux de l'Energie, des Transports, de l'Industrie, de l'Agriculture, de l'Environnement, du Tourisme ainsi que la société civile. "Ces secteurs peuvent contribuer à la garantie des infrastructures de base nécessaires au niveau des zones côtières du pays", a-t-il estimé.