De nombreux opérateurs et professionnels du secteur du tourisme dans la région de Ghardaïa, une des principales destinations touristiques du pays, ont exprimé leurs inquiétudes face au "marasme" que connaissent leurs activités en ce début de saison, au moment où des efforts sont consentis pour diversifier les prestations en vue d'attirer une "nouvelle" clientèle. Ce marasme est perceptible dans les différentes structures d'hébergement et les sites touristiques désertés par les touristes nationaux et étrangers, déplorent les professionnels du tourisme locaux. Rencontrés par l'APS, des gérants d'hôtels et gîtes touristiques font état d'absence de réservations et ce, malgré une action offensive de communication et de marketing effectuée lors des foires internationales et sur les réseaux sociaux pour la promotion de la destination "Ghardaïa", réputée mondialement comme patrimoine universel classé par l'UNESCO depuis 1982. Pour Said Belkacemi, gérant du gite touristique "Akham", la région de Ghardaïa est désertée par les touristes tant nationaux qu'étrangers, et le taux de fréquentation est "au plus bas". "Le secteur du tourisme se morfond dans l'inertie, affecté par l'environnement socioéconomique du pays et les perturbations dans les réseaux de transports aériens", a fait savoir Belkacemi, déplorant que ces contraintes ont infligé un "coup de frein" à l'activité touristique et artisanale. De son côté, le gérant de l'hôtel Rym à Ghardaïa, Abdelkader Benkhelifa, affirme : "On n'arrive plus à couvrir ne serait-ce que les frais indispensables au fonctionnement de notre établissement, avec un taux d'occupation d'une dizaine de nuitées par mois sur une quarantaine de chambres que commercialise l'établissement". "Nous sommes contraints de réduire notre personnel pour au moins arrêter l'hémorragie des dépenses quotidiennes'', a-t-il souligné en précisant que "la baisse de la fréquentation touche toutes les catégories d'hôtels". Le gérant de le l'hôtel Beladjel, au centre-ville de Ghardaïa, prisé par une certaine catégorie de voyagistes nationaux, a estimé que l'activité a pris un coup de frein sensible, malgré que Ghardaïa est une ville carrefour et passage obligé des transitaires. Soumis à de rudes épreuves, certains professionnels du tourisme à Ghardaïa se tournent vers la diversification de l'activité pour faire face à ce marasme en ciblant la population locale en leur proposant des sorties de détente en plein air dans les palmeraies, les ergs et les gites touristiques pour une journée en famille avec une restauration et des rafraîchissements. D'autres organisent des rencontres, des séminaires à caractère scientifique ou des réunions des conseils d'administration d'entreprise pour faire fonctionner leurs structures. Les professionnels se tournent vers la diversification de l'offre La morosité de l'activité touristique a poussé des professionnels à se convertir dans le transport d'Algériens vers les pays voisins pour des soins ou à organiser des OMRA (petit pèlerinage) vers les lieux saints de l'Islam, une activité juteuse qui gagne en ampleur dans la région de Ghardaïa. Les commerçants de produits de l'artisanat sont logés à la même enseigne, leur activité étant fortement touchée et n'arrivant plus à tenir le coup, en absence de vente de leurs articles. Toutefois, les atouts de la station thermale de Zelfana (60 km de Ghardaïa) ont fait augmenter la fréquentation touristique enregistrée pendant l'année au niveau des établissements d'hébergement de cette localité qui connaît un engouement de la part des curistes des différentes régions du pays, pour la plupart des personnes âgées. L'activité touristique dans la localité thermale de "Zelfana", avec une capacité d'hébergement de 1.000 lits, reste limitée, marquée par un fort caractère de saisonnalité, en plus de ne pas bénéficier d'une publicité suffisante et étant mal desservie par les transports en commun inter-wilayas, signale-t-on. Le tourisme dans la wilaya de Ghardaia dispose pourtant d'atouts et de potentialités aussi riches qu'authentiques pour s'affirmer comme un secteur prioritaire à forte valeur ajoutée pour l'économie locale. Trait d'union entre le Nord et le Grand Sud, la diversité de ses paysages, sa nature, son architecture, ses traditions et son authenticité sont autant d'atouts qui confèrent à la région une vocation touristique de premier plan et indéniablement la principale locomotive pour le développement de toute la région. A la Direction du Tourisme et de l'Artisanat (DTA) de la wilaya, l'on compte sur des idées "innovatrices" et dans des efforts soutenus visant la préservation et la protection du patrimoine "atypique" de la région, dans le but de renforcer son attractivité et son rayonnement international, appelant, pour cela, les opérateurs du tourisme à renforcer la promotion et la communication afin d'attirer les touristes. La région de Ghardaïa a toujours exercé une séduction exceptionnelle sur ses visiteurs, comme les chercheurs, les universitaires, les architectes et artistes en tant que haut lieu de pèlerinage culturel et patrimonial unique, notamment au plan architectural et urbanistique, souligne-t-on à la DTA. Selon les statistiques de la wilaya, la région de Ghardaïa dispose de 32 structures d'hébergement hôtelier d'une capacité globale de plus de 2.400 lits et de 28 agences touristiques. La wilaya foisonne également d'un patrimoine matériel et immatériel qui lui confère une place primordiale dans la stratégie de développement d'un tourisme durable répondant aux attentes économiques de la population et aux exigences de la protection de l'environnement et des us. Elle comporte, outre un patrimoine universel classée par l'Unesco notamment les ksour "villes fortifiées" témoins d'une architecture atypique très étudiées par ses premiers bâtisseurs dont se sont inspirés de nombreux architectes et urbanistes de renom, un système traditionnel hydraulique rarissime qui permet d'irriguer les palmeraies situées dans la vallée du M'zab. Elle renferme également de nombreux sites attractifs tels que les palmeraies, les monuments funéraires, des gravures rupestres des vestiges historiques et religieux (vallée du M'zab et à El-Menea) ainsi que des thermes curatifs à Zelfana et Guerrara, ainsi qu'un immense cordon dunaire au sud du chef-lieu de wilaya.