Le 24e Salon international du livre d'Alger (Sila), qui prend fin samedi, aura connu comme chaque année une grande affluence, devant une actualité éditoriale relativement faible, une absence d'invités et une programmation approximative, quasiment ignorée par les visiteurs. Les stands accueillant les exposants, mille éditeurs entre algériens et étrangers, ont été littéralement pris d'assaut -surtout pendant les week-ends et la période du repos pédagogique-par des visiteurs à la recherche d'ouvrages spécialisés, romans et autres essais et témoignages. A l'inverse, le public s'est détourné des espaces consacrées aux rencontres programmées en marge du salon et qui ont attiré au mieux une vingtaine de personnes pour les plus suivies d'entre-elles. Stimulée ces dernières années par une dynamique notable, l'édition a montré, à la faveur de ce 24è Sila, des signes d'essoufflement évidents, malgré la présence de nombreuses maisons d'édition nouvellement créés et de nombreux auteurs lancés dans de premières expériences d'écriture dont il faudra confirmer la qualité. Par ailleurs, la militante anticoloniale Elaine Mokhtefi, auteur de "Alger, capitale de la révolution: de Fanon aux Blacks Panthers", aura été la seule invitée étrangère à ce Sila, après l'annulation de la rencontre avec le Palestinien Ibrahim Nasrallah. Basé sur un échantillon de 800 visiteurs, le sondange relève un recul du lectorat en Français, supplanté par le lectorat en langues arabe, en comparaison avec les résultats d'un sondage similaire en 2005, selon les premières conclusions livrées par cet organisme. Concernant la fréquentation du Sila, de nombreux éditeurs s'accordent à dire que le nombre impressionnant de visiteurs "est loin de correspondre aux lecteurs potentiels et au volume des ventes en une baisse significative", alors que les visiteurs se plaignent de la cherté du livre, tous genres confondus. De fait, les ventes d'ouvrages enregistrent une baisse significative depuis quelques années. Cette mévente est encore plus importante en 2019, à en juger par les stocks d'invendus et le constat d'éditeurs, comme Chihab, dont directeur se plaignait récemment d'un "recul de 80% des ventes par rapport à 2018", selon ses déclarations à la presse. La dimension professionnelle du salon, une opportunité pour les éditeurs dans la tradition des marchés du livre à travers le monde, était comme chaque année complètement occultée lors de cette édition, en dehors de la programmation d'une rencontre entre éditeurs algériens et sénégalais sur les problèmes de l'édition et les initiatives de partenariat entre éditeurs africains. Un millier d'éditeurs, entre Algériens et étrangers, ont pris part au 24è Sila, selon l'organisateu.