L'association "13 février 1960" de Reggane (wilaya d'Adrar) a réitéré son appel pour la qualification des explosions nucléaires menés par la France coloniale, il y a soixante ans de cela (13 février 1960) dans la région de Hamoudia, comme étant les "plus atroces crimes contre l'humanité" aux effets dévastateurs également sur l'environnement. Le président de l'association "13 février 1960", Sid Ameur El-Hamel, a renouvelé, dans une déclaration à l'APS à la veille de la commémoration du 60ème anniversaire des explosions nucléaires de Reggane, la revendication de la société civile locale appelant à qualifier de "crime contre l'humanité" les explosions nucléaires menées dans le Sahara algérien par le colonisateur français, rejetant toutes sortes de tergiversation de la France envers cette question l'appelant à reconnaître ce "crime nucléaire cruel commis contre l'homme et l'environnement". "Il appartient de situer à leur véritable valeur historique ces explosions ennemies, par leur intégration au programme pédagogique comme partie importante de la mémoire historique du pays", a suggéré M. El-Hamel, ajoutant que "les séquelles radioactives engendrées par les explosions de Reggane restent un cauchemar horrible pesant lourdement sur le quotidien de la population locale". Le président de l'association a insisté pour que les indemnisations soient proportionnelles aux souffrances sociales induites par ce crime et ce, par la création de structures publiques de qualité contribuant à la lutte contre les maladies provoquées par les radiations ionisantes de la région de Reggane. "Reconnaître son forfait abominable et nettoyer la région de Hamoudia des radiations constituent un facteur primordial pour protéger l'environnement et dissiper la nosophobie manifestée quotidiennement par la population locale, en exploitant les technologies susceptibles de prendre en charge ces effets", a préconisé Sid Ameur El-Hamel. Mohamed Boussaïd, enseignant d'Histoire à l'université d'Adrar, a, de son côté, souligné que "les explosions nucléaires françaises dans la région de Hamoudia et celles expérimentées intentionnellement dans d'autres régions du Sahara sont des crimes imprescriptibles." "La France qui rêvait de posséder l'arme nucléaire, à l'instar des pays du club nucléaire, a fait fi des lois, des valeurs humanitaires et des chartes garantissant les droits de l'Homme à une vie paisible et stable", a soutenu l'universitaire, ajoutant que l'université poursuivra ses efforts académiques visant à "traiter le dossier de manière scientifique, d'inscrire ce crime à l'ordre du jour et contraindre ses auteurs à assumer leur responsabilité juridique et historique". M.Boussaïd a relevé que la bibliothèque académique algérienne a été enrichie, dans le cadre d'accompagnement de ce dossier, d'un ouvrage du chercheur spécialisé dans l'Histoire de la région, Abderrahmane Lemharzi, intitulé "Reggane, lutte entre la vie et la mort, crimes nucléaires français". Edité en 202 pages par la maison d'édition et de distribution "El-Mouthakaf", l'ouvrage offre de riches informations sur les divers volets liés aux essais nucléaires à la satisfaction des chercheurs et académiciens. Il dévoile également les visées politiques et militaires du projet et fustige les allégations coloniales françaises présentant la région de Hamoudia, comme une région déserte de toute vie humaine, tout en rappelant l'existence et le peuplement historique de cette région avant les essais nucléaires criminels, et les retombées ionisantes de ces essais sur la santé de la population et l'environnement et leur définition à la lumière du Droit international. Pour corroborer la nature des crimes, l'auteur a opté pour le recueil de témoignages d'ouvriers ayant vécu le drame au niveau des chantiers de la structure nucléaire et les victimes, en sus de l'intégration en annexes de photos et archives important témoignant de l'atrocité de ces crimes. Cet ouvrage, dont la publication coïncide avec la commémoration du 60ème anniversaire des explosions nucléaires comporte un préambule, contribution du Kadham El-Aboudi, spécialisé en physique nucléaire (Université d'Oran), et l'écrivain-journaliste Lahcen Horma, traitant de ces crimes nucléaires et leurs effets politiques et environnementaux, en l'absence d'études dans ce sens. Selon des sources historiques, la France coloniale avait effectué des explosions nucléaires (oscillant de 20 à 70 tonnes), sous différentes appellations, dont les gerboises bleue, verte, blanche et rouge. Les crimes français dans le Sahara et leurs séquelles thème d'un colloque à Reggane La ville de Reggane (Sud d'Adrar) organise demain jeudi son colloque annuel sur "les crimes nucléaires français dans le Sahara algérien (1960-1966) et leurs effets sur la santé et l'environnement", en présence d'une pléiade de chercheurs, universitaires et représentants d'organisations des droits de l'Homme, de la protection de la santé et de l'environnement. Cette rencontre nationale devra braquer les lumières sur les crimes nucléaires français sur le sol algérien et les répercussions néfastes et destructives sur la santé humaine et sur l'environnement. L'enregistrement et l'archivage de témoignages des victimes, leur accompagnement dans la restitution de leurs droits, l'orientation des efforts des chercheurs dans le traitement des essais nucléaires français en Algérie, font partie des points retenus au programme du colloque. La rencontre prévoit également l'examen d'autres thèmes liés à la qualification et visées des crimes nucléaires, les réactions, leurs effets sur la santé et l'environnement, en sus d'autres sujets afférents, entre autres, au Droit, à l'indemnisation et à la définition des préjudices matériels et moraux causés.